Coyote, renard, les limites du 22 LR

Pour ne pas trop s’exposer aux remarques acerbes habituelles sur l’utilisation du 22 ailleurs que pour trouer du carton, on va se tourner (comme d’habitude grinceront encore les esprits chagrins) pour deux sujets vers les USA où les deux canidés sont abondamment chassés avec toutes sortes de calibres bien plus spécifiques. Mais sur quoi le 22 ne peut-il ne pas être utilisé n'est-ce pas ? Comme toujours avec ce fantastique calibre le plus vendu au monde, vous « pouvez » faire plein de choses, mais vous ne « devez » pas forcément…

Là-bas aussi la question peut se poser sur le tir de ces « nuisibles » car le coyote mange le renard, qui, également mange les souris, et même si ce n’est jamais le premier choix des chasseurs responsables (1), le 22 LR se taille la part du lion, uniquement parce que sa disponibilité est généralisée : derrière l’établi dans la grange, à l’arrière du pick-up, moins d’ailleurs avec une arme à levier qu’avec l’emblématique semi-auto Ruger 10-22, ou des clones d’AR 15. Avant l’arrivée du 17 HMR et ses émules, il n’y avait d’ailleurs pas des tonnes de munitions à percussion annulaire à choisir, et selon les états (2) le tir nocturne étant permis la distance se rapprochant, ramenait les deux canidés dans les possibilités du calibre que nous préconisons inlassablement ici : 25-70m.

De jour en effet ce sont des cibles insaisissables et mouvantes qui évitent le terrain découvert avec une course rapide et saccadée, souvent par vent fort, avec peu de seconde chance de tir de suivi sauf pour les varminters spécialistes, qui tirent à très longue distance, là où le 22 LR est depuis longtemps largué. Le 22 LR est donc quasiment jamais utilisé par ces spécialistes, mais plutôt par des fermiers contrariés par les nuisances sur les basse-cours ou, pour le coyote, des prédations sur le bétail voire le grand gibier. Ils effectuent des tirs d’opportunité, la petite carabine venant d’ailleurs souvent en pis-aller, la plupart des gens confrontés allant plus naturellement quand on l’a sous la main, au fusil à pompe copieusement gavé de « buckshots »…traduisez « chevrotines » ! Un autre terme à ne pas trop utiliser par chez nous sous peine d'être regardé de travers...

Les deux animaux (moyenne 9 et 13 kg) cohabitent, mais difficilement, et on imagine qu’il faut une pénétration rapide et puissante pour ces créatures coriaces qui méritent d’être traitées comme tout le monde de manière éthique, nette et définitive. La munition HP (Hollow Point, pointe creuse) dont l’accueil est mitigé sur les calibres à percussion centrale, ne l’est pas pour le 22 LR car souvent subsonique il est moins bruyant en zones suburbaines où les deux animaux sévissent la nuit (sur les bennes à ordures !) et on dispose d’un vaste retour d’expérience sur d’autres petits nuisibles assez costauds comme les « coons » (ratons laveurs), opossums, javelinas (petit sangliers). Au-dessous de 50m. toute l’énergie des 120 joules offre un collapsus immédiat dans la zone cœur-poumon (voir ci-dessous) et bien sûr, la tête. Et les semi-autos permettent les tirs de suivi pour faire stopper le tintamarre dans le local à poubelles, et les hurlements auxquels répondent, a capella, tous les chiens domestiques du voisinage !

Un peu plus loin, en bordure des corrals et dans les zones où on observe une forte baisse des faisans et perdrix, on a longtemps employé les balles hautes vitesses (3), et de nos jours c’est plutôt, toujours chez CCI,  la Vélocitor qui a détrôné la Stinger car plus précise et mieux adaptée à la masse de ces nouvelles cibles. La balle est plus lourde (40 grains contre 32) et de construction différente. La Stinger a une pointe creuse conventionnelle, tandis que la Velocitor (4) possède une cavité estampée dans le nez d’une balle plaquée cuivre, donnant plus une grosse boule à l’impact qu’une cavité explosive. Elle tire moins à plat, mais sa balle est plus longue et lourde, moins capricieuse selon les canons proposés, groupant parfaitement dès que la munition idoine a été identifiée. Elles pénètrent mieux sur un corps plus lourd se dilatant progressivement au fur et à mesure et prennent même le pas sur les Mini-Mag qui se situent à mi-chemin entre les deux pour la planéité de la trajectoire, la vitesse et la pénétration. La Stinger en outre, du fait de son étui plus long cycle pas toujours bien dans les SA. C’est ce qui explique d’ailleurs la débauche de recherche-développement pour y pallier dans les hautes vitesses, immédiatement après sa sortie, mi seventies.

Tous les sites « varmint » US ne conseillent donc pas le calibre 22 LR pour les deux canidés, sinon sous la distance de 40m. laquelle semble la meilleure pour des tir d’opportunité avec des carabines « sorties du camion » souvent nanties de bretelles, et aux détentes lourdes : 8 livres (3,6 kg) pour la Ruger 10-22…par peur des procès en cas d’accident pour tir intempestif, tout bricolage sur les détentes faisant sauter la garantie. Conclusion : si vous avez une pointe à enfoncer et seulement votre trousseau de clef sous la main, il fera peut-être momentanément l’affaire, mais ça n’en fera pas un marteau. Et la prochaine fois pour enfoncer un clou, vous n’irez pas acheter des clefs, mais plutôt un marteau…

1/Les 22 à percussion centrale (22 Hornet, 22-250, 222 et 223 Remington) sont plébiscités, mais tout le monde n’en a pas sous la main…contrairement au 22 !

2/De nombreux états l’autorisent toute l’année sur terrain privé, sans licence, ni permis ; dans l’Ouest, (Washington) le coyote est le seul nuisible autorisé à percussion annulaire, et dans le South Dakota, le seul « rimfire » tirable de nuit, mais faut un permis.

3/Voir archive du 12 mai 2021 sur les « yellow jackets » et autres « golden bullets ».

4/Voir « Stinger vs Vélocitor » archive du 14 avril 2021.

Prochain article : mieux que le « 22 »… le « 20 » ?