Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
10 mai 2022

257 Roberts : le "vieux Bob", cahin-caha...

C’est un vieillard chenu à la chevelure de neige, blanchi sous le harnais, à la démarche hésitante, dont la voix chevrotante se fait encore faiblement entendre, et qui conservera toujours ses fans par romantisme et nostalgie là où le gibier ne dépasse pas 80 kg. L’apparition du 243 Winchester en 1955 lui donna des vapeurs, et la mode actuelle des 6,5 risque bien de lui infliger l’infractus fatal. Mais qui peut bien en vouloir à un tel papy débonnaire ?

81kZcEEeeYL

 

Ned Roberts (1886-1948), tireur, chasseur, journaliste et écrivain mit dix bonnes années à fignoler cette cartouche tout à fait dans l’air du temps des années 20 qui, avec les poudres sans fumée, marquait l’engouement pour les petits calibres comme le « 25 », rapides et tendus. Newton (1), Niedner ou le Dr Franklin Mann (dans « the bullet flight »), théorisaient là-dessus (2), les surplus militaires en Mauser, Springfield et plus tard en Arisaka (6,5X50) permettant toutes sortes d’acrobaties autour de ce sujet. C’est sur les conseils de ses amis T.Whelen, et Harvey Donaldson, après maintes expérimentations et hésitations qu’il lança sa cartouche basée sur le 7X57 Mauser raccourci de 0,06 pouce, l’angle d’épaule passant de 20 à 15°. La première arme fut fabriquée par Adolph Niedner l’armurier du Michigan qui avait déjà travaillé sur les wildcats en « 25 » (sur 30-40 Krag et 30-06) début 1928, et immédiatement annoncée dans l’American Rifleman. Deux ans plus tard, l’atelier new-yorkais sortait son 25 Griffin-Howe, et en 1934, Remington qui a toujours eu le flair pour tirer les marrons du feu du travail des « wildcatters », (et autant de boulot en moins pour son service RD, hé-hé…), adoubait le calibre dans une certaine confusion. De g. à dr  ci-dessous à dr. : 257 Roberts et 25 Griffin-Howe.

243W, Bob, 7mauser,25-06R

lk

En effet en 1935, Remington qui poinçonnait ses culots 257 REM, se fit concurrencer par un 257 Winchester-Roberts, face au 25 Griffin Howe Roberts préexistant, mais peu à peu, tout le monde s’entendit finalement sur l’appellation 257 Roberts. Pour simplification de fabrication, Remington ramena d’abord l’angle d’épaulement à 20°, mais au profit d’un projectile « round nose » faiblard de 117 grains qui faisait retomber la balle à 800m/s donc pas mieux que le 250-3000. Le rechargement manuel, bien sûr y remédia immédiatement avec des spitzer poussant à 850m/s, mais toujours le calibre se heurta à son choix d’étui de départ, le 7X57 Mauser. Sur ces petits alésages il faut non seulement des vitesses élevées, mais aussi des balles lourdes pour assurer la pénétration. Ned Roberts en 1925 ne disposait pas des poudres lentes qui arrivèrent plus tard, était sous-chargé en IMR 4350, et s’il était parti du 30-06 par exemple, il aurait eu plus de place pour asseoir les projectiles et profiter de la capacité maximale de l’étui. Ce que fit Winchester au même moment avec le 270 qui demeure un des calibres les mieux équilibrés du monde et  encore actuellement, des mieux vendus.

DSC_0114

 

Proposé dans le modèle 30 de Remington et surtout dès 1936 dans les Winchester 54 et 70, il fut immédiatement populaire dans les zones de cervidés pas trop lourds, et conserva sa base de spécialistes des calibres « chirurgicaux », rechargeant pour en tirer la quintessence avec des balles adaptées, et surtout, des tirs bien placés. Après-guerre, il fut victime comme le 244 Remington et le 250 Savage du succès du 243 Winchester, mais sans être vraiment oublié car en 1983 sortit une version « vitaminée » dite  « +P » (3) le faisant passer de 850 à plus de 900m/s. Sa belle trajectoire (zéro à 200m, moins 17,5 cm à 300m. mais encore 1350 joules à 400m) avec les optiques modernes, le mettaient, en termes de comparaison avec le 25-06, dans le même écart et même genre de débat entretenu à l’échelon supérieur, entre le 308 et le 30-06. Moins de recul et de bruit pour le "vieux Bob", mais plus de balles premium et usine pour le 25-06. De g. à dr ci-dessus à gauche : 25-06 Remington, 7 Mauser, 257 Roberts, 243 Winchester.

SS-01

D’un usage général et populaire, les commentaires élogieux de P.O. Ackley (4) sur sa polyvalence liée à la précision et au faible recul firent bien sûr sortir au célèbre « armurier de l’Amérique »,  une version « improved», ou améliorée qui, en fait, ne gagnait pas grand-chose : 983m/s à la bouche contre 920 pour l’original et 940 la version +P, à comparer aux concurrents 890m/s pour le 250-3000 Savage, 1013m/s le 25-06, 1010m/s le 25 Winchester supershort magnum, 1070m/s le 257 Weatherby magnum. Les grandes marques sortirent tout le temps des petites séries dans le calibre (5), mais ce sont surtout les sporsters de haut niveau d’occasion qui sont recherchés car avec les poudres lentes (IMR 4831), et les balles de 100 grains (Swift A-Frame, Nosler Partition, Hornady Interlock, Sierre Gameking ou Prohunter) dans un canon de 24 pouces le rechargement soigneux peut atteindre 980m/s sans pressions excessives. Après, il faut connaître les limites de ce calibre léger et en extraire le potentiel… tout le problème de ceux qui, aux USA, (car en France il est confidentiel) mettent la main dessus le plus souvent par héritage dans les familles de chasseurs. Etant habitués au 300 Winchester Magnum, ils sont avec cette minuscule brindille, comme une poule qui a trouvé un couteau…

1/Biographie de Charles Newton : voir archive du 21 janvier 2019.

2/Voir archive du 27 novembre 1018.

3/La spécification SAAMI accepta la surpression de 58 000 psi contre les 54 000 de la version standard.

4/Voir biographie de « l’armurier de l’Amérique », archive du 29 mai 2019.

5/Comme fin des années 80 la Winchester TRX que, ironiquement, les adeptes des hautes vitesses réalésèrent ipso facto en 25-06 !

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité