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13 mai 2022

Les setters "Llewellin" d'Havilah Babcock (1898-1964)

Emule de la pensée du chasseur naturaliste Aldo Leopold (1) pour la plume, à l’instar de Gordon McQuarrie pour le gibier d’eau, Havilah Babcock, originaire de Virginie, opta pour la Caroline du Sud, terroir des bobwhites, et des cailles, auteur de cinq livres majeurs aux titres évocateurs de « Ma santé est meilleure en novembre » (1948), (donc après l’ouverture !), à « les geais vont en enfer vendredi » (1964).

babcock

 

Professeur d’Anglais atypique mais vénéré de ses étudiants, il faisait apposer avant la date fatidique du début de saison « …qu’il serait malade dans la semaine à venir », et il reste avec Gene Hill (2) le chantre d’une chasse qui s’est perdue, celle de la complicité chien-chasseur, où on voit grand dans de petites choses : des cartouches qui traînent, le collier du chien, ces odeurs subtiles de café qui flotte dans l’air mélangé à l’huile de lin des crosses, et que les promesses de vent de Nordêt, brassent dans un grand frémissement des sens. Collaborateur dès 1934 de Field and Stream, il fut le témoin des changements dramatiques de l’agriculture industrielle qui transforme le paysage, répand les poisons qui détruisent les sols, des barbelés qui remplacent haies et talus : les cinquante ans suivant sa mort ont vu la disparition de 90% des colins de Virginie.

mp

Pêcheur à la mouche, apiculteur, jardinier émérite pour les tomates et les camélias, il montrait que les gens ont besoin d’un lien étroit avec la Nature et que la Chasse et la Pêche étaient les meilleurs moyens d’y accéder, mais sans obligation immédiate de résultats obtenus… à coup de fusil ! Les bénéfices de la promenade et de la rencontre suffisaient, et son classique « Je ne veux pas tuer un éléphant » (1958), en plein âge d’or du safari allait à l’encontre des performances d’Hemingway et tant d’autres…  « La chasse est un passe-temps social, pas une aventure solitaire, il faut être deux pour bien faire les choses, et une bonne compagnie demeure la moitié de l’aventure ».

iii

L’affût au cerf, et toutes autres activités où le chasseur doit rester immobile et silencieux pendant des heures, ne fournissent pas en effet, la même matière pour raconter des histoires savoureuses que la balade à pied avec un copain de chasse et un bon chien peuvent offrir. Ce qui vaut sans doute également pour nous et une des raisons pour lesquelles moins de jeunes grandissent dans les traditions de la chasse familiale et rurale, et que nos rangs, hélas, s’éclaircissent de plus en plus chaque jour…

llewelyn

Insomniaque, écrivant frénétiquement au petit jour il a laissé nombre d’avis intelligents sur les chiens, les setters anglais « Llewellin » (3) qu’il affectionnait particulièrement : « un bon chien n’a pas besoin de pedigree, car s’il n’est pas bon le pedigree ne l’aidera d’aucune manière » ou encore « le rapport c’est ce qui fait la différence entre un bon chien et un grand chien, c’est la cerise sur le gâteau, ou la dentelle sur le pyjama de la mariée ». S’il ne négligeait pas la pulsion de chasse et « le moment de tension, silence le plus éprouvant pour les nerfs » avant qu’une énorme compagnie jaillisse sous vos pieds, il aimait les chiens calmes : « les bons chiens de compagnie sont aussi abondants que les mûres, par contre, priez de tomber sur un chien calme et patient, car il n’existe pas de chien rapide et bon. Même les chiens respectables perdent la tête quand les choses vont trop vite ».

kkl

Il fut bien sûr président fondateur de deux associations de conservation naturelle majeures de l’Etat (South Carolina Wildlife Federation et State Fish and Game Association) et l’alter ego en matière de setters anglais, de Jim Kjelgaard (4), pour les setters irlandais. Aux USA comme chez nous, où on a oublié charges et modèles de tir, races de chiens, traditions, les « modernes classiques » de ce genre font l’objet d’un net regain d’intérêt, mais malheureusement introuvables en France comme : Charles F.Waterman (mort en 2005 à 91 ans) « Hunting Upland Birds », ou Colin Mc Kelvie « Snipe and woodcock » (1996).

1/ Portrait archive du 7 septembre 2021.

2/Portrait archive du 25 septembre 2020.

3/La vaste galaxie des setters anglais mériterait à elle seule au moins trois épisodes. Pour résumer, R.L.Purcell-Llewellin (1840-1925), a extrait trois types en les croisant avec la lignée d’Edward Laverack (1797-1887), des « purs » que l’on ne reconnait que grâce à l’ADN, des « type Llewellin » chasseurs ou des « bench » d’exposition. Moyenne d’âge 12 ans pour des chiens polyvalents à la plume, au rapport naturel, et dans trois coloris aux innombrables combinaisons entre : non belton, belton, et blanketed.

4/ Jim Kjelgaard (1910-1959) dont l’ouvrage majeur (« Big Red » 1945) fit l’objet d’un film produit par Walt Disney en 1962 dans le style d’amitié entre un jeune garçon et un setter irlandais et leurs aventures dans les bois, et qui fit l’objet, vu le succès, de deux suites, toujours avec en vedette les chiens rouges : Irish Red et Outlaw Red. Nous aurons sans doute l’occasion d’y revenir.

 

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