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FCM 25.00
23 mai 2022

Les balles "bears and boars" de plein calibre en lisse

C’est un sujet, celui des balles DGS (Dangerous Game Slugs) déjà abordé ici (1), au plan de l’offre commerciale, mais dont on peut affiner la réflexion en regard du rechargement manuel US, et conclure sur le véritable ovni que constitue, cette fois en rayé une des « russians slugs » dont se repaissent les forums sur le Net : 23X75 R, soit un « bore 6 » alimentant le plus gros fusil à pompe du monde ! C’est une des vedettes d’un célèbre jeu vidéo (Escape from Tarkov), en espérant qu’il ne rôde pas trop sur les arrières du front d’un conflit actuel bien réel…

deerslayer 12

Les « round ball slugs », balles moulées dures dans le plein alésage et a déplacement lent sont un concept ancien, tout droit issu du « musket » de la Conquête de l’Ouest, et revenu au premier plan suite à des rencontres aussi dramatiques qu’inopinées entre grands ours et pumas sur des sentiers très fréquentés (randonneurs, pêcheurs, campeurs, vététistes, joggers) de la côte Ouest. L’essentiel étant d’utiliser ce en quoi on a confiance, la plupart des études montrèrent que pour le quidam sans expérience, voire les fonctionnaires en déplacement (forestiers, facteurs, agents des lignes) le bon vieux fusil à pompe était encore la meilleure option, même si se développa à la même époque tout un secteur particulier en armes de poing lié à la chasse. Mais allez faire tirer à Mémé, promenant son toutou, du 500 SW Magnum à bras franc !

ixl

Au tournant du siècle, James Gates, ancien cadre de Smith and Wesson qui avait tiré en Europe toutes nos balles classiques (Brenneke) ou techniques fut un des premiers à contester la mode, poussée par certains états (2) d’offrir des performances de carabines dans les fusils de chasse, et d’en rester aux coups rapprochés et massifs. Ses « Dixie slugs » basées en Floride, proposèrent bien sûr des projectiles bien dans l’esprit du moment (Tusker 600 grains, Terminator 730 grains) aux rayés ensabotés, mais se firent surtout connaître par des balles plein alésage en plomb durci (3). L’IXL-DGS, (ci-contre à dr.) une 870 grains filant à 363m/s approchait (0.729) l’alésage nominal du calibre 12, et plus récentes, les AQ Nitro Slug font la même chose (0.735). Celle-ci, sur son expérience de charges dindes Hevi Shot, encore précises à 200m. (4 pouces, 10 cm) pousse des boules rondes d’un once (28 grammes) surdimensionnées où la bourre plastique très serrée dans l’alésage joue également pour l’obturation. Elle est mentionnée dans l’ouvrage de référence (« Shotgunning for deer ») de Dave Henderson.

aq

Avec ces balles lourdes par rapport au grand diamètre du calibre douze, personne ne peut tirer confortablement de tels boulets, mais c’est un moindre mal par rapport au danger et à l’urgence quand, en plein barbecue, on voit débouler l’énorme intrus qui demande, par l’odeur alléché, sa part du festin ! Dans les immensités enneigées de Sibérie, la déclinaison civile (TOZ 123 « Drake ») du pompe KS-23 anti-émeutes (ci-dessous à dr.) propose encore mieux soit 23 mm, ce qui nous met au niveau des anciennes canardières « 6 bore » (4), en utilisant tout bonnement des canons réformés du système anti-aérien de l’automoteur ZSU « Shilka » ! Ce fusil à pompe est un mix du Winchester 1200 adapté au système de verrou rotatif Stoner à quatre pattes radiales qui défraya la chronique lors du salon de Satory 1996, mais fut conçu bien avant (en 1971) et dont la conception traîna puisque seulement produit (arsenal de Toula) en 1981 et adopté par l’armée et les forces de l’ordre en 1985.

ks 23

Il tirait deux sortes de chevrotines, des balles plastique, des grenades à gaz ou paralysantes (5), mais surtout la balle « Barrikada », une 800 grains en acier dont la rapidité (420m/s) était censée casser les moteurs à 100m. ou défoncer les positions embusquées légèrement protégées. Elle est comparée ci-dessous avec une cartouche de 12 classique. N’oublions pas d’ailleurs, que certaines de nos balles techniques modernes (Fier, BFS) qu’on emploie ici tous les jours, partaient aussi de cette réflexion. En Russie à ce qu’on en sait, la cartouche chère, tout comme le fait qu’elle soit considérée comme une carabine (KS = Karabin Spatsialny ou carabine spéciale), ont nui à sa diffusion, le MP 153 étant bien plus pratique et moins lourd (plus de 4 kg chargé de 4 cartouches), quant à l’aspect sécurité pratique, il est maintenant plutôt occupé par le Saïga. Aux USA, pays pourtant particulièrement accueillant pour les fusils à pompe, l’administration Clinton, en considérant qu’il dépassait le calibre « 50 », le vit comme un « dispositif destructeur », catégorie fourre-tout où on classe fusils anti-char, mortiers et autres lance-flammes qui lui mit des bâtons dans les roues. Pas sûr que la situation politique actuelle entre les deux pays, le voie apparaître bientôt dans les surplus…

uuio

1/ Voir archive du 21 août 2020.

2/ Les cerfs record sont enregistrés dans les états comme l’Iowa, le Minnesota, l’Ohio, l’Illinois bannissant l’arme rayée. C’est ce qui explique la progression, inconnue en France à la même époque (où la bonne vieille Brenneke avait réponse à tout !), des projectiles sabot et des canons rayés aux Etats-Unis.

3/ Pour empêcher la fragmentation, déconseillée face aux gibiers dangereux dont il convient de stopper sur place la charge, il s’agit de balles fabriquées par emboutissage d’un alliage de plomb dur pour une pénétration maximum sans fragilité. Les bases de durcissement comprennent des critères connus : +1% d’étain augmente la dureté Brinell de 0,3 et autant d’antimoine de 0,9. Ces balles sont « lavées » Alox car on ne veut pas risquer les surpressions en lubrifiant.

4/ Le « 4 bore » (25mm) eût la faveur des premiers chasseurs pros comme Frederick Selous, mais fut vite éclipsé par le « 6 bore », reculant moins et plus facile à trimballer dans la brousse : Sir Samuel Baker en employait un fabriqué par George Gibbs armurier de Bristol, et Greener même s’il préconisait déjà le « 8 » en 1880, fabriqua encore en 1891 pour l’explorateur sud-africain Viljoen une arme pouvant tirer des balles de 113 grains.

5/ Et aussi des anti-personnel de 28-36-82mm avec des tromblons chargés par la bouche et propulsées par des cartouches à blanc.

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