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31 mai 2022

Corey Ford (1902-1969) et "la route de Tinkhamtown"

« La route est longue, et il savait où il allait »…Tous les chasseurs qui, par le fait, ont un lien étroit avec la mort en ont conscience ; et quand on avance dans la vie, toutes ces choses nous touchent un petit peu plus. La meilleure histoire de plein air jamais écrite fut publiée (dans Field and Stream) juste après son décès, et même fictive, elle est largement autobiographique et surtout émouvante.

cider

Sur son lit d’hôpital, vaguement conscient, le vieux chasseur, « sur ses fins », puise dans ses souvenirs, retrouve le chemin d’une place à bécasses mémorable, croit que le chien « Cider » le gratte de sa patte…quand c’est l’infirmière qui le réveille, et vient à la piqûre matinale ! Ce texte d’anthologie dont vous retrouverez facilement la traduction sur le Net, redonne vie à l’âge d’or de la littérature « outdoor » américaine et de la chasse « upland », celle des « hautes terres » qui ressemble le plus à notre billebaude à la plume. Et ce n’est pas un hasard si la photo de couverture ci-dessous à dr.  de la « Upland game hunter’s bible » de Dan Holland (1961) parle de Tinkhamtown : Corey Ford fait (à dr. avec le chapeau, portant à l’épaule, le gobbler) la Une, et on peut être sûr que l’auteur fait partie des copains cités dans le célèbre texte « …il s’arrêta au ruisseau juste un instant. Il entendit des voix d’hommes. C’étaient ses partenaires de chasse Jim, Mac, Dan et Woodie »…

danholl

Contemporain d’Havilah Babcock dont nous venons de parler récemment (1), installé en 1952 à Hanover dans le New Hampshire, professeur du Dartmouth college dont il fut également le bienfaiteur, auteur de 50 livres et 500 articles pour tous les grands magazines de l’époque chasse (Field and Stream où il tenait une rubrique mensuelle) et grand public (The New Yorker, Reader’s digest). C’était également une autorité sur la pêche à la truite (2), mais surtout un « dog writer » dont il est prudent de se munir d’une pile de mouchoirs avant d’entamer la lecture : son « just a dog » publié dans Field and stream en 1941, sur la mort accidentelle de son chien tué par un chasseur étranger, fourvoyé dans son domaine, vaut, en plus long, le « Old Tom » de Gene Hill que nous venons de publier, ou le « Colter » de Rick Bass. Dans les deux cas, préparez-vous à verser une larme. En 1958 il publia une anthologie d’histoires émouvantes de chiens dont le titre d’ailleurs dit tout « Cold noses and warm hearts » (truffes fraîches et cœurs chauds !) qui rallia les meilleurs plumes de la littérature de l’époque : D.H. Lawrence, ou John Steinbeck.

minute

On ne peut que le recommander (3) à tous les amateurs de setters anglais car ce fut, comme Babcock, un des grands témoins de l’époque où la race se stabilisa autour de grands élevages qui équilibrèrent enfin, beauté et travail parfait. Les premiers chiens importés d’Angleterre étaient trop rapides et difficiles à gérer sinon au bout de 3-4 saisons, et le type Ryman (4) en Pennsylvanie popularisa ce genre de chiens « aptes chasse et tir, beaux à regarder et avoir à la maison ».

Corey Ford fut lui, très proche du chenil « Coronation Kennels » établi à partir de 1925 par Earl Twombly à Waterbury dans le Vermont et de l’étalon « Joe Silver » (1930) et « Duke of Decoverly » (1940), la troisième génération étant le fameux « Cider » (1950) appartenant justement à l’écrivain. Son second chien « Tober », toujours issu de l’élevage Twombly, y fut entraîné en 1959. Il s’agissait de chiens dits « birdie », forts dans les broussailles, capables de gagner un concours le samedi, puis de chasser avec succès gélinottes et bécasses le lendemain. La fille d’Earl Twombly, Becky Higgins, poursuivit cette œuvre qui perdure à la troisième génération avec son petit-fils Leigh qui entraîne et guide encore, et un siècle plus tard, des chenils réputés (Pine Coble, Alderwood, Setter Hills, October) perpétuent avec succès cette lignée de setters anglais…typiquement américains !

twombly

1/ Voir archive du 13 mai 2022.

2/ Son « Trout tales and other angling stories » a été réédité en 1995 par sa biographe L.Bogart-Morrow.

3/ A notre connaissance, non traduit ni édité chez nous. Le Net permet d’y accéder par bribes, l’entrée à l’univers « upland » peut se faire via Rick Bass (Colter) et surtout Jim Fergus, lui largement disponible dans notre langue.

4/ George H. Ryman, chasseur pro et éleveur en Pennsylvanie, décédé en 1961, dont l’œuvre fut poursuivie jusqu’en 1975 sous le nom Carl Calkins.

 

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