Sans plomb ? Le "deux-coups" va redevenir votre ami

La menace se précisant, que faire ? Tout autour de nous, ceux qui continuaient à trimballer le fusil du grand-père s’interrogent : tirer du cuivre doux, du bismuth et à quel prix ? Acheter de l’éprouvé acier, mais au risque de revoir complètement son utilisation : en gros, monter en numéro de charge, et déchoker de deux étages. A quelque chose malheur est bon, tout cela va nous inciter à plus se casser la nénette qu’avant sur ce qu’on chasse et comment…

Laissons tomber l’acier déjà maintes fois évoqué ici, même si, en raison du prix, il risque d’être le plus employé. Du fait de son antériorité en Amérique du Nord il a été largement documenté (1) et voyons ce qui peut sauver notre vieux « deux coups ». Par principe il faut retenir que tous les petits calibres (en dessous du 16) sont plus durs à modéliser déjà avec le plomb, et que ce sera accentué avec les substituts s’en rapprochant le plus comme le bismuth. L’idée principale est de retrouver sur ces armes le plus souvent à chokes fixes des habitudes de distances où on tire « normalement », et pas les fameux « coups de longueur » qui font la joie des réunions d’après-chasse. Il va donc falloir revenir à l’examen minutieux de ce que l’on tire : plus de paresse, ou de victime des effets de mode, et se pencher sur la « densité du motif », un terme bien oublié depuis au moins 50 ans, où on se méfiait, comme mon grand-père des « toutes cousues » !

Par densité du motif il faut entendre que le but est la tête de la gerbe. Depuis les travaux d’Ed Lowry on sait que passés 40m. c’est le bord d’attaque du nuage de plombs qui fait tomber l’oiseau, et non pas la queue de la comète où s’il se prend quelques plombs, ils ne seront pas décisifs. La densité travaillera donc pour vous à la distance choisie, ce qui va demander une certaine discipline : tirer sur les oiseaux les plus près en premier, ou au contraire les laisser reculer dans la plage idéale de votre combinaison choke-tir. Et c’est là, que les deux canons sont bien plus intéressants même que la troisième cartouche, souvent superflue, du semi-automatique.

Tous autres facteurs égaux, faudra s’intéresser à une autre vieille lune qui passionnait nos anciens, la qualité des bourres, et sans doute le retour en force de la bourre grasse et du sertissage demi-rond, bien plus indulgent avec ces dernières que le sertissage étoile qui engendre, par-dessus le marché, plus de pressions. Là, c’est le rechargeur qui parle bien sûr, du fait de la plus grande variété d’options de charges qu’elle offre. Un regain d’intérêt qui se retrouve de plus en plus dans l’offre commerciale des encartoucheurs, et qu’il faudra regarder plus attentivement qu’avant. Le bismuth donc se « chokera » comme le plomb, il aura des possibilités d’apprêts cuivre ou nickel réduisant la traînée et offrant une meilleure pénétration (+15%), mais sera un peu plus gros que le nominal : le 5 sera du 4, et il y aura moins de plombs. La bourre grasse permettra d’en jouer plus facilement, tout comme de certains paramétres atmosphériques comme le vent.

Ce dernier, et on en revient à la densité du motif, ne dégrade pas la gerbe, il la déplace. On peut l’aimer, comme nous chasseurs de la Baie du Mt-St-Michel quand venant du « Nordêt », il nous amène les becs plats, et aussi le détester car il complique le tir. Plus la corde de tir sera serrée, moins elle sera affectée. Si vous tirez bien, allez aux charges légères, mais la portée en souffrira, mais celui qui est rompu à chasser sous leurres et appelants, avec un coup de 4, trouvera une densité de motif suffisante tous usages habituels. On ne connait personne qui modifie son rétreint ou monte en plomb en fonction du coup de vent, car son effet est peu important aux distances raisonnables de tir. Par contre il se fait sentir à partir de 40m. quand la vitesse a baissé de façon spectaculaire, ce qu’on constate sur la mare, mais à des distances qui ne sont plus celles de tirs « éthiques » comme on dit de nos jours.

Comprendre et rester dans ses limites, la nouvelle législation, va obliger à faire retour sur les fondamentaux, et ne pas choisir ses cartouches sur de fallacieux artifices de marketing. On nous a dit que l’acier modélisait mal en full (et qu’il fallait tirer lisse et gros plomb) surtout parce que les fabricants craignaient le retour en garantie de canons endommagés, ou que les petits calibres avaient une gerbe plus serrée, ce qui est discutable : à choke donné, 12 et 410 offrent à peu près la même longueur, mais ce dernier a moitié moins de plomb dedans. Même chose pour les « Magnum » qui sont plus rapides dans l’arme rayée, mais pas en lisse où, au contraire, la plus grosse masse de plomb doit réduire sa vitesse pour maintenir des pressions acceptables.

1/Voir sur l’acier, archives du 5 juin 2020, 19 juin 2020 (modélisation), 5 janvier 2022 (chokes US), 13 juin 2020 (tungstène).