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FCM 25.00
26 juin 2022

Initiales..."B.B." ?

Ne vous y trompez pas, même si les vacances approchent, nous ne vous emmenons pas à St-Tropez ni à la Madrague « sur une plage abandonnée » où s’épancherait lascivement une célèbre actrice, mais sur les catalogues anglo-saxons que, du fait du sans-plomb, il va s’agir d’apprendre à naviguer. Sous les « buckshots » ou chevrotines, et au-dessus des 1-2 bien connus à la battue, ces « BB shot pellets » sont la norme à la sauvagine américaine, habituée au substitut dès 1995, et bien documentée par de nombreux travaux.

un

L’origine du terme est toujours débattue car en 1845 le « bullet breech » de Flobert que l’on connaît tous, puisqu’à l’origine du 22 Long Rifle fut accaparé en 1888 par les armes à air comprimé Markman puis Daisy, mais sema la confusion en ramenant sa taille originelle de 0,18 pouce (4,6mm) à 0,75 pouces (4,45 mm). Au départ, on peut penser que c’est sans doute en ayant épuisé la nomenclature des tamis pour les grandes tailles de plombs en numérotation, que les fonderies employèrent « B » pour « bigger » (plus gros) et qu’elle émigra aux USA puisqu’on trouve le terme de manière concomitante des deux côtés de l’Atlantique. Il est répertorié en 1876 dans un répertoire des fabricants de Baltimore et New-York donnant 45 et 50 plombs à l’once de 28 grammes quand Greener en 1888 dans « Modern shotguns » en donne 70. Le poids à l’unité est assez proche : 6,25 grammes et 8,75 grammes.

Sdeux

C’est, en fait la révolution de l’acier qui a mis en pleine lumière cette norme ancienne car le plomb est un peu plus gros que le « 1 » (4,57mm contre 4,05 mm) pour répondre à l’énergie encore nécessaire à 40m. distance à laquelle se déroulent la plupart des tirs de canards. A l’acier si le « 6 » passe encore à 20m., à 40m le « 4 » est tout juste, il faut du « 1 », et le BB s’avère la charge oie-canard la plus polyvalente pour contrer, en sus, la dérive au vent. C’est là qu’intervient le vieux cliché né des débuts des canons damas et sans chokes du cercle opérationnel de 30 pouces à 40 verges qui représentait la portée létale selon la technologie de l’époque. La conversion en métrique qui donne 76 cm à 36,5m est déjà bien loin de la fameuse « roue de charrette » dont on nous parlait autrefois pour figurer approximativement tout à la fois la portée et l’efficacité de la charge. La modélisation et l’utilisation de terrain était de 25-30 m tout au plus, quel chasseur du dimanche était vraiment compétent à 40m ? 

trois

 

Le marais, et surtout les battues poussées de faisans allongèrent les distances de tir, mais pas forcément pour le quidam ne faisant pas de ball-trap, chassant peu, et sans profiter immédiatement des nouveautés techniques offertes. Les travaux sur l’acier (Robert Brister et Tom Roster) montrèrent que 40m. était l’extrême limite où un bon tireur pouvait frapper de manière assez fiable. Commençant à 25m.puis faisant reculer à chaque fois de 5 m. des tireurs à qui il demandait de toucher 4 traversiers sur 6, à 40m…six sur 1000 réussirent ! Neil Winston (1) analyste exhaustif du ball-trap US a montré que malgré les progrès de l’industrie, il était difficile de maîtriser totalement le « hot core » ou nœud central de densité de la gerbe, et qu’ouvrir plus le rétreint modéliserait mieux les hautes charges était une ineptie. Sur le tir le plus long en compétition (handicap 27 m.), faire 90% est bien mieux qu’un tir moyen, mais 95% des chasseurs ne sont pas confrontés à cette difficulté, et le fameux cliché 40 verges-30 pouces sert donc à établir une norme pour 40m et moins, et en tirant le diamètre de projectile adapté à cette distance.

quatre

Et comme on va passer du plomb aux substituts, dont le fameux TSS nous risquons de répéter la même idiotie qu’en 1931 avec les Super X, c’est-à-dire présenter comme remède à tout pour tireur moyen, souvent déjà au-dessus de ses pompes, des cartouches pour lesquelles seules les cadors seront capables de tirer la quintessence. Au contraire, l’époque étant à la communication sur une certaine éthique pour que survive la Chasse, il faudrait tirer plus « propre », au sens de ce qu’on envoie dans la Nature, mais aussi plus juste et court sur ce qu’on prélève.

cinq

 

La densité de l’acier plus faible (7,8 g/cc face aux 11g/cc du plomb) a nécessité plus gros, les fameux « BB », pour envisager une balistique similaire. Le bismuth (9,6g/cc) a offert une alternative pour conserver les armes anciennes, puis le Hevishot (12 g/cc) a précédé le tungstène allié (15g/cc) des « heavyweight » qui permettent de baisser de 4 tailles par rapport à l’acier et deux sur le Hevi. Mais le TSS à venir fait encore mieux (18g/cc) à un prix astronomique : 50£ les dix cartouches ! A nous autres de ne pas succomber aux sirènes du marketing des fameuses initiales déjà employées il y a bien longtemps par Denys Watkins-Pitchford (2) qui en avait fait de sa charge favorite pour tirer les oies, son pseudonyme !

ddenisx

1/ Neil Winston (1940-2019) fut président de l’ATA en 2008, ses travaux avec le DR A.C.Jones et le laboratoire de balistique de Minneapolis font toujours autorité pour le sporting.

2/Denys Watkins-Pitchford (1905-1990), écrivain, illustrateur, poète de la nature et de la campagne anglaise du Northamptonshire, signait « BB » ses écrits sur la pêche et la chasse : Tide’s ending (1950), ou « Dark Estuary » (1953).

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