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31 octobre 2022

Ces cartouches qui vont faire...un carton ?

Madeleine de Proust des « vieux », souvenir des « happy days » quand, sous les ors de l’automne, et que l’épagneul ramenait tout fiérot le perdreau dans sa gueule, tirer et prendre dans les narines, une bouffée du fumet si particulier de la cartouche en carton, était un plaisir que les moins de 20 ans…de permis de chasse (au moins !) ne peuvent pas connaître. Mais la voici qui, tout à coup, revient sur le devant de l’actualité. On va tenter de comprendre pourquoi.

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Pour nous, c’était en 1958, dans les bois de Marboz, sur la route de Lons-le-Saunier, accompagnant timidement le grand-père qui y faisait le garde : l’odeur qui se mélangeait de la terre humide, et celle des hommes : tabac froid, rasés de frais, avec dans l’air l’âcreté du « petit canon de marc, pour la chance », et celle des cartouches tirées que l’on collectionnait en catimini, pour en humer les remugles à la dérobée. Tout ça au grand dam d’une mère sévère qui houspillait au retour l’ancêtre, car elle voyait dans ces fantaisies comme les prémices, pour le gamin, de « mauvaises idées », celles de la chasse, du goût des armes, et de cette virile camaraderie masculine dont les femmes étaient toujours absentes, sinon pour « peler » les pièces tombées, et surveiller le fricot. Croyait-elle si bien dire ? Le marmot, maintenant largement septuagénaire, apprenant à faire pisser son premier lapin, en devint vacciné « chasse » pour la vie !

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Carton et bourres grasses sont bien sûr un clin d’oeil à cette époque bénie de la plume et du poil et conservent odeur, sensation tactile et look du fait des « réclames » en polices d’époque qu’il ne faut pas réserver à l’ambiance surannée, mais aussi souvent surjouée « barbour et tweed ». L’arôme addictif ne nous a pas quitté (1) mais elles s’emploient aussi pour des raisons autres que celles d’une curiosité pittoresque ou de jouer les originaux. Dans les armes anciennes, les alésages étaient beaucoup plus serrés (0.724 à 0.729 contre 0.740 de nos jours), les fusils étaient souvent chambrés 65, et pour le coup gauche très chokés au point qu’ils étaient nommément spécifiés « non pour la balle » ! Sur ce genre de rétreint, la bourre à jupe (2) serre encore plus, et donc beaucoup trop, en fait,  pour la chasse devant soi.

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La complexité des cartouches avec entassement des obturateurs (sur la poudre et sous le plomb), plus la complexité du matériau des bourres jouaient un important rôle d’étanchéité et de raclage des résidus de poudre. Le sertissage liège demi-rond réduisant les pressions était censé donner de meilleurs modèles de gerbe, mais aussi moins de recul, le carton plus épais que le plastique amortissant mieux les pressions latérales. La cire elle-même, qui se transmettait à la chambre, prévenait même la corrosion de certaines armes sensibles à la rouille, comme les premiers B 25.

La technologie de ces cartouches complexes était très aboutie (3) puisque datant de 1870, comme alternative au laiton et mécanisées dès 1883 aux Etats Unis avec la machine Chamberlin dans l’Ohio. Dès 1912, le brevet Nitro Club de Remington et Winchester Super X qui suivit, avait réglé les problèmes de moindre résistance à la traction qu’imposa l’emploi du premier semi-automatique. L’Auto 5 exerçait en effet, à l’éjection, une force bien supérieure à l’ouverture par brisure à laquelle on pallia par des rainures transversales, ce qui imposa, par force, l’emploi de « grands culots », et le mythe des cartouches soit disant « fortes » ainsi chaussées, auxquelles les anciens croyaient dur comme fer.

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Malgré une fabrication bien plus lente de près de deux semaines au lieu de cinq minutes pour le plastique, et leur moindre facilité de rechargement, toutes les marques maintenant refont plus ou moins des cartouches carton, leur vernis « écologique » et bio dégradable les ayant remises dans l’air du temps. Remington a même réintroduit en 2021, la célèbre « Peters blue », maison fondée en 1887, rachetée par le « géant vert » en 1934 en 5 chargements de sport de 8 et 7,5. Toutes ces nouvelles cartouches « écologiques » seront à déguster, quand on a tiré le faisan, culottées comme de vieilles bouffardes, et dont on prendra la suave effluve, comme un dernier relent d’un passé disparu.

1/ En ayant fait provision, voici plus d’une décennie de C.R. Romagna italiennes « white paper » qu’il convient de bien entreposer au sec, à l’abri du soleil et de l’humidité sinon elles se décolorent.

2/Les cartouches bas de gamme actuelles, se passent de tout ça, la bourre plastique à jupe s’occupe de tout, adaptée aux cônes de forçage longs qui ne marchent bien qu’avec.

3/ Voir archive du 8 mars 2020.

 

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