Nouveaux calibres "hype" et révisionnistes ?

C’est une tendance qui ne fera sans doute qu’effleurer notre monde où il bien rare, et de toute façon peu légal et éthique, de tirer loin, mais il faut se méfier des sirènes du marketing et de la mondialisation et faire un peu le tour de ces nouveautés mirifiques initiées par l’avénement du 6,5 Creedmoor. De quoi parle-t-on vraiment ? De munitions révolutionnaires, plus précises et puissantes ? La sortie récente du 7mm PRC (pour Precision Rifle Catridge), va nous en donner une idée.

Présentée en octobre dernier au salon de Kansas City, elle prend place entre deux autres munitions issues du 375 Ruger (6,5 PRC pour boitiers courts et 300 PRC longs et magnums) et vient directement concurrencer le vénérable (1962) « Big seven » ou 7 mm Remington magnum, depuis longtemps de dimension mondiale : ce 7,64 « costaud » offre, en effet, une bonne centaine de chargements rien qu’en France actuellement. C’est le couronnement de la philosophie moderne des nouvelles productions (6,5 Creedmoor, 6,5X47 Lapua, 28 Nosler) qui partent de la balle pour concocter une nouvelle cartouche l’étui devant s’adapter à un projectile le plus souvent monométallique, à très fort coefficient balistique (aérodynamique si on veut), plus long et élégant. Walt Berger avait initié ce mouvement, Hornady a suivi avec les balles ELD et tout le monde est désormais dans ce mouvement nés des balles « match » et d’un mix chasse-tir à longue distance.

Un créneau occupé au départ (1925) par le 270 Winchester avec des balles de 130 grains, mais bloqué par son taux de torsion (1/10) au-dessus de 150 grains. Le 7mm (.284) plus long et plus lourd, à construction égale, avec une densité de section plus élevée offrait déjà plus de pénétration, plus de rétention de vitesse, avec une trajectoire aussi plate et moins de sensibilité au vent plus loin. Et le « 30 » me direz-vous ? Si populaire partout, voire chez nous depuis 2013, ne pouvait-il pas s’immiscer là-dedans ? Eh bien, ses balles déjà lourdes jusqu’à 225 grains, à leur taux de torsion habituel pour un aussi bon coefficient balistique seraient trop longues, sinon à employer une action magnum, avec derrière, un fort recul. On le comprend le côté attractif du truc c’est de tirer assez lourd soit 175-180 grains, des balles match sans un recul punitif (un bon tiers de moins que le 30-06), pour le chasseur, mais surtout pour le tireur de « bench » qui peut lancer des séries de 50 coups à la suite sans s’esquinter l’épaule.

Les performances avec 3 balles (160-175-180 grains) sont exceptionnelles : 900m/s à la bouche, et encore 575m/s et 2400 joules à 1000m où un bon tireur avec les optiques high tech de nos jours, peut grouper 5 balles dans 12 cm ! La flèche n’est que de 45 cm à 400m, et le groupement de 2 cm à 100m avec 5 balles de 180 grains. Faut pas rêver, le « big seven », en son temps, malgré une bonne dizaine de concurrents qu’il a fini par enterrer (1) faisait aussi bien que ça à 400m pour les chasseurs, distance déjà longue, (même aux Etats-Unis !) et c’est bien plus tard qu’il offre un plus en chute et en dérive. Son taux de torsion (1/8) peut inquiéter sur la durée de vie des canons, mais ce n’est pas un facteur déterminant sur quelques dizaines d’années, et même sur la vie d’un chasseur moyen.

Tout comme le 300 Winchester Magnum (2) n’a pas tué le 30-06, le Big Seven  (il est comparé ci-contre à dr. au 300 WM) avec sa soixantaine d’années d’experience tant pour les carabines que les chargements n’a pas trop à craindre car il n’y a pas assez de différences entre les deux cartouches. En Europe, on peut s’interroger sur l’option de pouvoir tirer à 500m avec des fusils légers et précis à recul moyen car c’est peu conforme à la loi, à l’éthique et bien sûr à la sécurité. Mais qui dit nouvelles munitions, dit nouvelles armes à acheter, et il est si facile de succomber aux sirènes du marketing n’est-ce pas ! Tiens, parlez-en à ceux qui ont cédé, il y a 20 ans, à l’attrait capiteux des « petites bouteilles » en Super Short Magnum (ci-dessous à g. face à une 243 « normale ») et qui font la gueule (de bois ?) devant les étagères clairsemées des armuriers…

1/7 Rem SAUM, 7 Weatherby Magnum, et encore avant, le 280 Rem Ackley Improved même si ce dernier a encore une petite cohorte de fans dévoués amateurs de « vintage ».

2/C’était autrefois la bouteille à l’encre des performances longue distance où, selon les convenances, la balle ne devait pas être assise en dessous de la jonction cou-épaule : or qui peut dire que le 300 WM (dont c’est le parfait contre-exemple puisqu’il se vautre carrément dans la poudre comme un solitaire dans sa bauge !), n’est pas précis au long cours…