Le Noël du "collectionneur" ?

Les nouveaux statuts liés au SIA, les appâts de l’opération « armodromes » gouvernementale nous amènent à réfléchir sur ce que nous sommes finalement devenus, nous qui avons connu la relative liberté des années 60, puis les restrictions sur le 22 LR, sur les fusils « à pompe » et enfin l’abandon, (il était temps quand même !) en 2013 de la stupide notion d’armes dites « de guerre ».

La définition peu aisée du terme de « collectionneur », promise dans quelques mois par le SIA, s’appliquera difficilement au chasseur plutôt « accumulateur » au gré des héritage, donations, aubaines diverses liées aussi au type d’activité. A l’évidence, on ne chasse pas la caille et le perdreau avec la même arme que le sanglier. Il faut aller dans des pays à la législation plus souple que la nôtre pour trouver, et encore difficilement, ce qui pourrait se « collectionner ». Aux USA, pays de culture armurière dont nous sommes férus, il peut exister des chasseurs qui procèdent par type d’action, genre de chasse, marques ou modèles dans le calibre dont on croit avoir épuisé la nomenclature…regardez par exemple chez nous ce qu’on pourrait faire, et à prix modique, avec l’antique Simplex.

Le vrai collectionneur, là-bas, va dans l’insolite, et la qualité d’armes qui doivent servir sans être nerveux dès qu’un nuage se pointe à l’horizon. Comme les voitures de collection doivent être conduites, les armes patrimoniales et historiques doivent être tirées pour être appréciées. La souplesse du marché selon la permissivité des états n’échappe cependant pas à la volonté des spéculateurs, chose qui ne pourra jamais arriver chez nous, car la nouvelle législation identifiera immédiatement le moindre changement de grain d’orge au bout du canon. Le rôle de l’armurier supposé « compétent », en cinquante ans a également énormément évolué. La plupart des armes actuelles, semi-automatiques post seventies par exemple, sont facilement démontables (1) sans outils, les pièces d’usure faciles à identifier, plus solides et sans les besoins d’entretien des fusils anciens.

Ce qui a donné naissance à ces grands magasins à la périphérie des villes dans des zones « commerciales » qui disent bien leur nom, mais qui n’ont pas remplacé, à la cambrousse, les anciens armuriers de chef-lieu de canton, sans même parler des charrons, maréchaux, garagistes « chasseurs du dimanche » toujours capables de vous dépanner pour souder une bricole, changer un ressort. Désormais, l’amateur éclairé doit apprendre à se dépatouiller tout seul pour changer un pad, bronzer des petites pièces, et surtout connaître ses limites et laisser tout ce qui est « pointu » en dépôt dans ces centres qui l’expédieront, si le jeu en vaut la chandelle, à une poignée de spécialistes qui factureront au prix fort.

Informés et connaisseurs ceux qui aiment la chasse et ses armes et en parler se reconnaissent entre eux au rond de battue car de la « collection » à la « collation » il n’y a pas loin ! Ils admettent facilement qu’elles détestent rester seules au fond du coffre, où elles ont tendance à se reproduire comme des lapins. Ils pérennisent des désirs d’enfance qui faisaient briller les yeux en feuilletant le catalogue de la Manu, des rêves d’ados qui devenaient réalité à vingt ans en achetant un Perfex, et situation professionnelle bien assise, un superposé moyenne gamme comme le Falcor dix ans plus tard.

 Septuagénaire, le vieux garçon aurait bien mis la barre plus haut avec un Purdey…mais le niveau de retraite ne permettra qu’une douceur ottomane : loukoum plutôt que scotch hors d’âge…Reste aussi à convaincre le ministère des finances en l’intéressant, peu à peu, aux subtilités de la chasse qui nécessite, chacun ici le sait, différents outils en fonction de la variété des tâches, (tout comme mon voisin qui se fait régulièrement offrir des kits de perçeuses) parfait exemple d’une aimable disposition dans le ménage qu’il s’agit bien sûr de faire savoir à la cantonade. Au fait, d’ailleurs, une fois que ce concept sera validé…insistez plutôt sur le gibier d’eau, et son nombre de canards d’espèces et de tailles différentes : de la sarcelle à l’oie des neige, le choix sera plus étendu non ?

1/Sauf peut-être l’Auto 5 !