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8 mars 2023

1920 : le 22 LR finit par avoir la peau du "rook rifle"

Ce fusil « à corbeaux » mais aussi à lapins connut son âge d’or de 1900 à 1914, à la joie des gentlemen britanniques dans le plaisir simple et estival (1) de rôder le long des haies, à la recherche des ennemis des cultures, mais aussi renards voire petits cervidés. Les lois de 1920 nécessitant un permis pour cette utilisation proche dans les campagnes de ce qu’on fit chez nous jusque dans les années 60, les virent définitivement basculer vers le 22 LR moins cher, plus silencieux, plus propre et efficace.

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La Belle Epoque avait vu un engouement pour le tir sportif, alors intimement lié comme en France à la préparation militaire, et les grands meetings pouvaient mobiliser à Bisley, mais aussi de l’autre côté de l’Atlantique à Creedmoor (2) des milliers de spectateurs. Avant 1898, de nombreux petits calibres à percussion centrale en poudre noire étaient tirés à la fois dans les marques prestigieuses de la production britannique, mais aussi des assemblages à Birmingham de pièces belges dans ces munitions désuètes : 297/230 Rook et 300 Sherwood, 250 et 360 qui ne gagnèrent qu’une poignée de m/s en passant à la cordite. Les balles de 37 à 134 grains évoluaient toutes autour de la barrière sonique de 333m/s.

HH en 295

Leur intérêt en collection vient du fait que certaines de ces armes furent de véritables petites merveilles à un coup et bloc tombant, issue des plus grandes maisons britanniques comme Purdey, Westley-Richards, ou Holland-Holland, (ci contre à dr. ) qui sous-traitait à Scott, mais peaufinait les finitions dans ses ateliers londoniens. La majorité de la production se faisait sur les carabines de cadets à mécanisme Martini-Henry retravaillées par des artisans talentueux pour donner une précision étonnante : en 1883, un essai du journal « The Field » sur une carabine Holland-Holland en 300 Rook mettait 20 coups à 50 mètres dans une pièce d’une demi-couronne !

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Le danger du 22 Long Rifle arriva des Etats-Unis avec les blocs tombants Ballard, puis la Winchester « High Wall » améliorée en 1879 par J.M. Browning (3), sortie de 1905 à 1920 proposée dans une pléthore de calibres. En 1906, Henry Sharp dans « Modern rifles » pouvait faire la fine bouche « le calibre 22 est trop un jouet pour mériter une attention sérieuse bien qu’il ait trouvé la faveur de certains ». Une réflexion se mêlant d’une certaine condescendance « car fabriquées par des machines », et surtout beaucoup de protectionnisme de la part des tenants encore nombreux de l’Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais…

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La Stevens « Favorite », massivement importée malgré les embûches administratives, fut le parfait exemple de ces armes à un coup, parfaitement versatile puisque tirant par exemple le 32 Rimfire à la balistique semblable au 300 Rook, mais aussi la kyrielle des 22-25, et même des percussions centrales. Il s’en vendit un million entre 1889 et 1930, les 25 et 32 Rimfire n’arrêtèrent qu’en 1942 (4), et Savage relança même la production de cette petite carabine dans les années 70-90. Dès 1918, le 22 Long Rifle qui, on l’a vu, dès 1904 commençait à se tailler la part du lion, gagna définitivement la partie en 1920 avec les nouvelles lois restreignant l’emploi de ces calibres qui, comme le 300 Rook ne fut plus produit par Eley dès 1928. La plupart des fabricants passèrent au 410, souvent associés comme Parker-Hale, à des kits de canons en 22 LR.  Le récent classement de ces calibres désuets sans formalités comme la poudre noire et le chargement par la bouche, leur a donné aussi un regain d’intérêt, surtout pour des armes de cette qualité.

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1/ L’ouverture le 15 mai de cette jeune corneille (corvus frugilegus) n’était pas loin d’égaler dans certaines régions des Midlands (où on les mange en tourte !), le « glorious twelfth » de la grouse dans les Highlands. Voir à ce sujet nos archives des 5 mars 2019 et 29 septembre 2020.

2/ L’équipe irlandaise d’Arthur Leech qui venait de battre les Anglais en 1873, défia les Américains l’année suivante sur 800 et 900 mètres à Creedmoor petit patelin à une quinzaine de miles à l’Est de New-York devant 8000 personnes. Les Yankees, grâce au colonel Bodine qui mit dans le mille au dernier tir l’emportèrent de peu (934 à 931), un Irlandais ayant malencontreusement fait zéro en s’étant trompé de cible. Une semaine plus tard sous égide NRA les Irlandais gagnèrent de 6 pts, leurs Rigby calibre 451 à chargement par la bouche dominant le plus souvent le Remington Rolling Block.

3/ Les Ets Browning d’Ogden (Utah) en firent 600, avant de vendre en 1883 le brevet à Winchester.

H AND C KIT COMPOSITE SMALL

4/ Après la fin des chargements par les sociétés américaines, le 32 Rimfire fut relancé il y a une vingtaine d’années au Brésil par Navy Arms Company, les lots vite épuisés. Le 32 Rimfire emploie une balle de 90 grains (303m/s et 244 joules) deux fois plus grosse que le 22 LR, mais sa trajectoire courbe le limite à une distance d’emploi de 50-70 mètres. Paradoxalement, ces calibres anglo-saxons, sont proposés au rechargement en kit... par une firme française (H&C de St-Genier-Laval près de Lyon) de même que les 38 et 41, mais uniquement à poudre noire. Voir ci-contre

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