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7 juin 2023

Speedy seventies

Comme la fable du lièvre et de la tortue à l’école, le mythe des hautes vitesses a hanté les débuts des chasseurs des seventies, avec dans le rôle de l’idole des jeunes de l’époque, le bon Roy Weatherby en personne (1) et comme « tube » le fameux choc hydrostatique, onde dévastatrice digne du rayon de la mort et censé tout détruire sur son passage.

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Les « fans » se laissèrent persuader que le placement était accessoire, la haute vitesse réglant tout, incitant même à prendre des tirs lointains pour deux raisons : la première, certes bonne, d’aplatir la trajectoire et raccourcir le temps de vol pour réduire la prise au vent néfaste dès que les distances s’allongent, l’autre plus spécieuse, de mieux « tuer » aux distances ordinaires. Mais pourquoi, dès lors, donner un coup de pouce supplémentaire à ceux qui ne sont pas sûrs de leur placement ?

Justement, le premier argument qui battit en brèche les bonnes raisons de ces « croyants » soutenus par le buzz d’un monde médiatique complaisant fut l’impressionnant recul. Pour le 378 Weatherby Magnum par exemple (2), destiné à concurrencer le classique 375 HH, 8 à 15% de vitesse supplémentaire donnait 50% de recul en plus ! Ce fut d’ailleurs la première raison de la désaffection en Afrique de ces calibres hors normes. Pour les guides et autres « professional hunters », les effets de mode comptent moins que la minute de vérité que représente le face-à-face parfois périlleux du « big five ». La véritable punition infligée au tireur (recul, bruit, souffle), du fait de l’appréhension, nuisait déjà au placement de la première balle, mais surtout obérait le suivi, le second coup de sécurité, voire d’arrêt, où à peine remis de comprendre ce qui s’était passé, dans un nuage de poussière et d’adrénaline, le buffle était déjà sur vous…

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Ajoutez à cela la difficile adaptation des optiques (attention aux arcades !), les lentilles baladeuses, le look « californien » pas forcément du goût des traditionalistes, la conception peu orthodoxe de ces dernières n’arrangeant rien côté recul. Pour des raisons marketing et garder à l’esprit l’option longue distance, les crosses type Monte-Carlo dégageaient certes la joue de la crosse, vers le haut et l’optique, mais délestaient la prise de la main faible, alors que le fort recul aurait plutôt nécessité une crosse basse et aussi droite que possible pour une acquisition rapide et sûre, et pouvoir doubler rapidement. L’alimentation poussée et non contrôlée, les verrous hélicoïdaux à plusieurs tenons obligeaient également des tolérances d’usine étroites ne faisant pas bon ménage avec la poussière et la chaleur qui, en outre, dopait en pression des munitions déjà poussées au maximum.

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Ces munitions extrêmes pour armes extrêmes, encore concevables pour des calibres moyens (257 ou 270), fabriquées en interne, chargées avec une seule marque de poudre (Norma) furent un concept qui lança la marque, mais trouva sa limite dans cette course à la puissance qui se heurta à tout ce qu’on a vu, mais aussi à la conception encore simple des projectiles de l’époque. Devenue d’envergure mondiale la marque qui n’a plus besoin de cette seule image, s’est désormais considérablement diversifiée, et fait même maintenant pour le marché US également des armes lisses. Curieusement d’ailleurs, avec le recul et tenant compte qu’aux distances classiques il ne faut pas forcément plus rapide, mais plus gros, c’est un peu l’antithèse, celle des « crayons volants » inspirés du 6,5X55 scandinave qui donne le ton, le 6,5 Creedmoor en étant le meilleur exemple.

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 La balistique de la plupart des 6,5 (26 Nosler, 6,5 PRC, 284 Winchester Mag, etc.) du fait de leur densité de section et poids de balle rivalisent avec la plupart des 7 mm, le 7X57 étant le plus populaire, et les 270 (3) souvent considérés comme limite basse pour la chasse africaine hormis big five. Certains pays (Mozambique) n’ont pas de minimum, d’autres le 240 (Tanzanie), le 270 (Namibie) alors que la puissance en joules devrait plutôt à l’heure actuelle servir de base.  Au regard de la grande histoire on se souviendra bien sûr de Karamojo Bell, écossais pingre plus que flamboyant sportsman (4) qui prit la plupart de ses éléphants avec le 7X57 et des munitions de surplus en FMJ de 173 grains, sachant même qu’il ne fut pas le premier en ce domaine, ayant été précédé en la matière par Arthur Neumann en 303 Lee-Metford.

1/Voir notre archive du 21 mars 2018 sur ce personnage incontournable du milieu armurier US.

2/Le 378 Weatherby Magnum poussait une balle de 300 grains à 772m/s, mais employait presque 50% de plus de poudre que le 375HH (110 grains contre 73) ! L’idée de placer une balle de 375 sur un étui de 416 Rigby venait de Jack O’Connor qui faisait autorité à l’époque rechargeant les nouvelles poudres lentes US d’après-guerre sur un système Mauser Brevex. Le 460 Weatherby Magnum (ci-dessus à g.) fut longtemps la plus grosse munition commercialisée au monde. 

3/Le 270 Winchester (0,276) est un « petit » 7mm, les autres (7MM, 7 Rem Mag) avec 0,284 faisant 7,2 mm.

4/Il utilisa six armes en 7X57 pour 1011 éléphants tués, mais aussi 300 avec le 6,5X54 Mannlicher (balle FMJ de 159 grains), et 200 en 303 British avec balles de surplus militaire de 215 grains. Chassant pour l’ivoire et la viande il usa peu du 318 Westley-Richards (balle de 250 grains), mais revint vite au 7X57 plus facile à trouver et surtout dix fois moins cher que le 450-400 Jeffery qu’il essaya aussi. Il tirait de très près entre 10 et 35m, approchant par derrière pour tirer les éléphants sous l’oreille là où l’épaisseur de la boîte crânienne est la plus faible.

 

 

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