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12 juin 2023

22 LR : "pointe creuse" ou "solide" ?

Sous-estimée et peu prise au sérieux en France autrefois, aux limites de la carabine de jardin et de « loisirs », peu chère et disponible, la petite munition a toujours souffert en France d’une doctrine d’emploi imprécise, notamment « chasse ». Aux premiers faits divers, elle servit de bouc émissaire, se repliant sur le secteur trop réducteur du tir employant massivement les « round nose » et les balles « solides », terme impropre bien sûr (1).

un

Il faut aller bien loin, en Australie ou aux Etats Unis pour trouver des analyses fines des deux types de munitions où elles sont massivement employées à la chasse, du minuscule « gopher » (2), au sanglier (voir ci-contre à g.) ! Là-bas existe toute une littérature analysant des critères comme le « pouvoir d’arrêt » qui peuvent faire sourire ceux qui chez nous en battue où on tire la bête rousse au 300 WM, et ne veulent pas croire qu’un cochonglier de 150 kg tombe de nuit au Texas d’un coup bien placé de 22 LR derrrière l’oreille à 50m. Aux USA, la version country de la légende urbaine affirme que l’humble 22 a pourtant pris plus de gibier que tout autre calibre, tout en étant intrinsèquement peu fiable, ou, à tout le moins bien moins que la percussion centrale.

deux

Mais, moins sensible à nos préjugés, on accepte qu’il soit confronté à des petits gibiers où il n’y a pas photo comme on dit  sur les petits rongeurs, voire à des plus gros animaux de la taille du renard, du lièvre ou du coyote. Et bien, sûr, c’est là qu’il y a débat une fois qu’on a d’abord testé la fiabilité, c’est-à-dire 200 coups consécutifs sans ratés ou dysfonctionnements, et à ce moment intervient le choix entre la pénétration ou l’expansion, voir ce qui est critique pour la mission assurée : le plinking (où tout convient), ou la chasse (nous on dit plutôt régulation), et la recherche de l’efficacité du premier coup.

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A distance raisonnable, la plupart des petits ravageurs tombent sous toutes les munitions 22 Long Rifle, et même avec le 22 Short ! La différence entre solide et pointe creuse est marginale au plan balistique sinon dans les poids de balle (38-32 contre 40 grains) et aucun écart de précision malgré des tests approfondis. Les round nose classiques n’ont pas un meilleur coefficient balistique…car il est nul pour l’une comme pour l’autre ! Tout juste peut-on leur concéder une meilleure alimentation là où les semi-automatiques, déjà capricieuses par nature, sont légion…soit ailleurs qu’en France où elles sont « verboten » depuis 1996 ! C’est au moment (1930, voir ci-contre à dr.) où apparurent les hautes vitesses que le « hollow point » devint un argument de vente, car seule cette haute vélocité amenait l’effet « champignon ». On ne pouvait pas encore parler de choc hydrostatique, bien connu pourtant depuis sur la percussion centrale et Charles Newton (3) dès les années 20, mais ça ne mangeait pas de pain côté marketing avant que le phénomène Stinger mette tout le monde d’accord cinquante ans plus tard, côté vitesse et violence certes, mais sans efficacité nominale du premier coup, ni précision assurées. Ce qui ouvrit la voie juste après, à tout un tas de munitions de compromis exotiques et aux noms vrombissants (Viper, Minimag) voir même une « Vélocitor » (sans doute pour tirer les petits dinosaures ?), impossibles à utiliser raisonnablement en France.

fin

Si vous réfléchissez à un emploi autre que le plinking ou le tir en cible, le dilemme pour nous est beaucoup plus simple. Les solides étendent un peu le tir en portée, mais obligent un tir de tête ou être plus sélectif que d’habitude sur la position de la cible car les coups de corps seront plus aléatoires, particulièrement sur les animaux de grande taille (4). Les pointes creuses donneront plus de latitude aux erreurs (d’appréciation de distance, de précision) avec plus de destruction (qui n’entre plus en cause puisqu’on ne parle plus là de « venaison » !), et moins de risques de ricochets. Les HP / HV ou pointes creuses à hautes vitesses, outre les évidents problèmes d’emploi sécuritaires, massivement employées là où il y a des gros ravageurs (racoons, chats sauvages, castors, marmottes) n’auront pas cours chez nous du fait de l’emploi généralisé maintenant des réducteurs de son. C’est pourquoi tiennent le haut du pavé pour le ragondin du même acabit, de véritables subsoniques précises (RWS, Eley, SK) qui compensent leur manque de vitesse par une cavité profonde, et du plomb très doux qui se dilate mieux avec un son caractéristique au contact. Curieusement quand même, on remarquera que si les balles et leur type sont une chose, c’est quand même, comme pour tout le reste du tir de chasse, le premier tir bien placé qui est déterminant, et que l’expansion ne rendra pas « plus mort que mort » là où toute balle de tête atteindra son but, qu’il s’agisse d’une Eley Tenex, ou d’une antédiluvienne Gévelot de derrière les fagots, oubliée au fond d’un tiroir…

1/ Il n’y a pas de FMJ en 22 LR où toutes les balles sont en plomb, toutes celles (Golden bullets, Yellow jackets) d’apparence cuivrée n’étant recouverte que d’un mince dépôt électrolytique de lubrification.

2/ Spermophiles ou chiens de prairies. Voir archives du 10 février 2021.

3/ Voir archive du 21 janvier 2019.

4/ Sur mare de gabion, à 25 m. nous avons le souvenir d’un renard de bonne taille en approche des canes, percé de part en part, il y a bien longtemps.  

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