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FCM 25.00
27 juin 2023

Darne : c'est mieux en seize ou en douze ?

La question peut être posée tant il est possible de trouver cette arme d’occasion dans les séries les plus courantes « R », et le tutoriel de démontage (1), tint même longtemps le hit-parade des pages les plus sollicitées de ce petit site. Si on aime, nul doute qu’on fera l’effort de s’y habituer, mais il faudra aussi prévoir recherche et introspection difficiles.

6-DARNE-Modèle-1906-2-600x472

Quitte à se faire plaisir, car on imagine pas du tout de nos jours, cette arme si particulière en « première monte » pour un chasseur débutant, (ce qui était souvent le cas en  en 1970 tant on en trouvait partout), nous opterions donc délibérément vers un calibre 16 de complément léger pour tirer mieux parti encore de cette arme élégante, gracieuse et équilibrée pouvant jouer de sa multitude de canons (2). Entre 1900 et 1970, tout le monde (3) reconnaissait la maniabilité et cette sensation « dans les mains », née de la concentration de masses lourdes centrées plus qu’ailleurs au point d’équilibre dans ce bois d’une seule pièce. Toute la complexité, et les ennuis éventuels qu’on va voir plus loin, étaient dans l’installation de ce lourd système coulissant  qu’il fallait fixer.

French-DARNE-Shotguns-with-Sliding-Breech-Block-4

Les canons du meilleur acier (Jacob Holzer) avaient un meilleur

avant dernier

traitement thermique que les conventionnels, et moins de stress dans les assemblages que les canons brasés et la triple épreuve associée à la garantie 5 ans qui permet, (si chambre 70), d’utiliser sans problème les munitions modernes (4). Le recul craint comme « fougueux » s’explique par le poids léger certes, mais aussi par les tolérances étroites des liaisons mécaniques entre le levier d’armement et la culasse coulissante qui se déplacent de concert et font effet de levier pour se coincer sur le rebord épais des disques obturateurs lors de la fermeture de l’action sur les séries haut de gamme (V). Les séries R  standard de premiers prix, découplaient cette opération en deux temps, mais les disques  que l'on voit parfaitement ci-dessus à dr. étaient présents dès la série R 10, et étaient toujours meilleurs que les surfaces lisses de la concurrence. Ils étaient d’ailleurs mis en avant comme une aide au confinement et des performances garanties de 72 à 80% du motif à trente mètres, car associée au minimum d’espace libre des chambres, la poussée des gaz était accrue.

A l’époque des cartouches en carton et du rechargement manuel, on recommandait même des charges de poudre inférieures de 10% pour de meilleurs résultats car compte tenu de la rigidité de l’ensemble, aucune énergie n’était perdue. Les mauvaises langues purent bien sûr dire qu’en raison des alésages et rétreints très serrés, c’était, pour le tireur la garantie de préserver le plombage de ses molaires, éviter le décollement de la rétine et diverses autres ecchymoses faciales…

vhs

A tout prendre, les séries R de base étant plus accessibles, il faudrait plutôt aller vers les points « hauts », jusqu’à R 19, qui ont des bois de meilleure qualité, des quadrillages plus fins et étendus, divers degrés de finitions ou de gravures auxquelles bien sûr se prête la vaste surface du bloc, et les styles bien plus audacieux que les étrangers sous l’influence de l’école « Arts décos ». Après il y a la fameuse crosse, déjà à part de tout le reste car le rapport de distance culasse queues de détente est différent des hammerless classiques qui s’ouvrent en deux. Par rapport à ses habitudes et mesures personnelles, il faut prévoir plus long, souvent un bon centimètre, et bien sûr, comme pour l’Auto 5 (5) aller jeter un œil directement à la jonction pontet col de crosse, sachant que ce sera toujours difficile à réparer voire modifier ensuite.

fin

Le démontage déjà des canons demande un certain temps avant d’être maîtrisé, et celui du bloc (tout comme améliorer les détentes souvent dures), est à laisser à un armurier qualifié…espèce en voie de disparition sur ce type d’armes qui peut elle-même être qualifiée de monument en péril ! Là, c’est en fait l’action qui fait tout le charme avec des éléments de forme et de conception auxquelles on se fait…ou pas (6) ! Le succès de la formule qui tint le coup 80 ans sans grands changements, et fortement copiée (7) laisse à penser qu’elle fut parfaite d’origine…ou qu’elle resta enfermée dans un concept certes original, mais confiné dans sa niche par inertie intellectuelle ou pire ? On peut discuter sur les périphériques : sécurité mal placée à gauche, forme et faiblesses de la crosse, mais il faudra s’habituer à l’action à glissière de cette légende armurière insaisissable et unique en son genre. Donc, à tout hasard, et tout bien regardé, prenons-le en 16, le calibre emblématique de la chasse française traditionnelle, mais en sachant bien qu’il sera plus facile à acheter qu’à revendre…

1/Voir archive du 27 avril 2012

2/ Ils s’étalaient de 65 à 80 cm en passant par les intermédiaires : 70, 68, 72 cm.

3/ Le peintre Percival Rosseau s’en servit et vanta ses mérites et Gough Thomas autre Britannique peu enclin à faire des cadeaux aux armuriers français le qualifiait « d’eumatique »…un néologisme pouvant se traduire par : « la qualité d’un appareil à commande manuelle en totale corrélation à l’être humain qui choisit de l’utiliser ».

4/ La nature même de son action particulièrement solide, associée à une éjection culasse grande ouverte favorisa son utilisation comme express jusqu’au 375 HH Magnum, et même des mixtes 20/7X57.

5/ Pour le semi-automatique Browning, c’est la jonction boitier-devant en bois qui fait tendon d’Achille et se fissure à la longue. Mais même réflexe, faut tout de suite aller regarder là !

6/ L’auteur, curieusement, au terme d’une longue carrière et d'un râtelier bien fourni n’a jamais possédé de Darne, même s’il la de temps en temps essayé le fusil des copains. Disons que c’est comme tout, il faut s’y faire…

7/ Régis Darne (ci-dessus) démarra en 1881, le brevet est de 1894, son fils Francisque (tué au front en 1917) proposa des améliorations, et par le jeu des reventes, son affaire perdura jusqu’en 1955. Parmi les nombreuses copies dès que le concept tomba dans le domaine public, notons que « Halifax » est bien un autre « vrai » Darne…comme chez Manufrance, le « Costo » est un véritable « Robust » !

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