Lesemi-automatique pour l'usager (suite et fin)

Faisons maintenant le point sur ce qu’on nous offre actuellement. Il n’est plus guère question de long recul (à part l’exceptionnel et inaccessible financièrement Cosmi, et le Franchi AL48 ce dernier seulement en calibre 20), et encore moins de « court recul » dont la production fut vraiment anecdotique.

Pour faire complet, nous parlons cependant de celui-ci plus loin. L’inertiel, en feuilletant les catalogues, se pose certes comme une évidence face à l’emprunt de gaz, mais celui-ci n’a pas vraiment perdu la partie. On l’a vu plus haut c’est toujours la gestion difficile de l’écart de charge qui fut au premier plan de deux événements presque contemporains quand en 1963, le Remington 1100 « à gaz » finit par supplanter l’Auto 5…et que l’ingénieur italien Bruno Civolani proposa quatre ans plus tard, la solution inertielle à la petite firme Benelli.

Les précurseurs des fusils « à gaz » soit la série des Beretta 300, ou le Browning 80 s’adaptaient comme ils pouvaient : plus de poudre et de vitesse donnaient plus de recul, de vibrations et chocs supplémentaires en « tapant » plus dans la mécanique sans même parler de l’encrassement toujours bien présent, lié aux retours de de flux gazeux. Nous allons bientôt y revenir. Dans les années 70-80 on s’en accommoda avec des tarages de ressorts différents « en kit » ou en jouant sur la longueur des canons : 66 cm pour les faibles charges, 70 pour les plus lourdes (1), massivement employées à la chasse. Un peu plus tard on généralisa les valves réglables sollicitant moins les mécanismes et offrant même, en principe une fonction «auto nettoyante ». Ce qui fit néanmoins compliquer la fabrication…et bien sûr, augmenter les coûts et les prix ! A la fin des années 90 on peut néanmoins estimer que les plates formes les plus courantes : Active Valve Browning (1993), Winchester SX 2 (1999), Beretta M4, Remington Versa Max avaient rempli le contrat qui leur avait été assigné une vingtaine d’années plus tôt.

Sur le papier, l’inertiel avait résolu bien plus tôt le problème de l’écart de charges en assignant à un ressort plus ou moins sèchement sollicité et assujetti à un verrou rotatif, la gestion –qui peut le plus, peut le moins- des charges lourdes qui ont désormais pris le pas sur tout le reste la plupart du temps. Il tirait plus vite, en théorie 5 coups à la seconde, mais reculait plus sec. On régla le problème grâce à la sophistication des pads, la plupart des fabricants s’engouffrant dans le marché car il était plus simple de conception et de construction avec moins de contraintes mécaniques et de maintenance : plus de pistons, de retours de gaz, de joints, de rails, d’empilements de ressorts. Il était donc peu coûteux à réaliser ayant moins de pièces à usiner et assembler mais, cherchez l’erreur…il reste la plupart du temps le plus onéreux au catalogue !

Plus « moderne » de design avec un devant plus fin, mieux équilibré, c’est assurément le semi-auto le plus actuel, mais sans pouvoir définitivement éclipser l’emprunt de gaz désormais bien maîtrisé et surtout amorti sur les chaînes de fabrication du monde entier. Il est devenu un fusil d’emploi standard, plus doux au débutant mais sans oublier, quoi qu’en disent les « réclames » un certain rodage de départ (300 cartouches semble la bonne mesure) et plus de nettoyage de routine. Beaucoup sont supposés auto-nettoyants mais ne vous y fiez pas il faudra quand même leur ouvrir le ventre de temps en temps, certains même plus souvent que d’autres. Rien de tel d’ailleurs pour débuter que de savoir pourquoi et comment on tire et puis l’entretien…c’est le métier qui rentre non ? Et le plaisir de la chasse se poursuit ainsi, sans interruption du terrain au garage comme à l’établi !

1/ Le « sans plomb » aux USA date d’une étude du Fish and Wildlife Service de 1976, et sa première interdiction dans les zones humides pour 32 états en 1983, avant d’étendre à tous en 1991. Ce qui nous turlupine en ce moment fut trituré là-bas dans tous les sens : 570 études depuis 1975 !