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FCM 25.00
9 décembre 2023

MP 153 : drôle de "collector" ?

Nous avons déjà pas mal parlé ici (1) de ce cheval de trait des sauvaginiers depuis 2000, grossièrement construit et mal équilibré, étrange fusil mal aimé à qui on ne peut pas reprocher grand-chose, mais qui fonctionne, n’a aucune valeur de revente et qu’on se sent malgré tout obligé de continuer d’utiliser qu’il pleuve, ou qu’il vente.

un

 

Au moment où tout ce qui vient de Russie peut de nos jours poser question, il faut savoir qu’il fut spécifiquement pensé pour le marché nord-américain en super magnum (3,5 pouces, chambre 89) à partir de l’IZH 81 copie du Winchester 12 à pompe, puis du MP 133 autre fusil à pompe auquel fut adjointe l’action semi-auto par emprunt de gaz Voir ci-dessous à dr.. Nous reviendrons bientôt sur cette genèse et l’impasse où elle aboutit actuellement face à la concurrence turque, et bien sûr aux péripéties politiques liées à l’embargo international. Son appellation latine « MP », se lisant « MR » en cyrillique  lui avait fait donner le surnom de « Murka », héroïne de chanson folklorique et aussi une populaire petite voiture ronronnante, du genre « Coccinelle » ou Trabant.

deux

Pendant la période de perestroïka (dont nous sommes maintenant bien loin…), la perspicacité fut de flairer l’engouement proprement nord-américain pour les lourdes charges de 56 grammes et plus pour tirer les oies, les dindons, la sauvagine avec de l’acier rapide et à un prix défiant toute concurrence : 300 $ quand son concurrent le plus proche le Browning Silver (2) en valait 939 ! Il n’était là-bas chambré qu’en 3 pouces, tout comme son principal concurrent le « Bekas » qui faillit lui aussi être exporté en calibre 16, fabriqué par son concurrent Molot.

trois

Il fut la vedette de l’IWA 2006 de Nuremberg, juste après l’exploit de la revue italienne qui lui fit tirer 50 000 cartouches sans interruption en 5 jours, initié d’ailleurs par l’importateur qui avait un peu fait la même chose légèrement plus tôt : 10 000 cartouches en dix heures. Un sondage sur le principal forum nord-américain en 2006 donnait un indice de totale satisfaction de 70%, plutôt content 10%, neutre 7%, et parmi les semi-autos « bon marché » il se plaçait en 3è position (8%) derrière le Remington 11-87 (41%), le Beretta 390 (23%).

quatre

Lors de l’évaluation d’un tel semi-remorque, forgé pour tirer les cartouches de calibre 12 les plus puissantes, le stigmatiser sur la difficulté de tirer les petites cartouches de ball-trap (24 et 28 grammes) était tout simplement absurde. Ce n’était ni une arme de tir sportif, ni même de chasse tous usages, ou encore de simple sauvaginier. Il était trop lourd de l’avant mais comme tous les SA à gaz de l’époque, ce n’était pas un défaut de conception, mais la nature elle-même de la bête. L’import US par Remington sous un nouveau nom (Spartan 453) ne dura que deux ans (2006-2008) juste parce qu’il coûtait 100 dollars de plus, et ne rapporta donc pas assez aux actionnaires, car il se vendait déjà en Amérique du Nord sous son nom d’origine comme des petits pains, étant le meilleur super-magnum en termes qualité-prix, commençant même à faire de l’ombre aux SA « normaux » car doux à l’épaule, hyper fiable si on avait compris ses quelques faiblesses initiales, notamment de « rodage » (3).

cinq

Au tir acier, ses chokes passé Medium, se montraient faibles dans l’usinage, à la modélisation et bien sûr l’after-market (4) s’engouffra dans la brèche pour en faire, en plus, tout à coup un « longue distance » redoutable avec toutes les cartouches, même basiques. L’entretien régulier pouvait pallier à la rouille vite envahissante, la détente molle (2,4 kg) ne déparait pas trop face à la concurrence, l’indicateur d’armement sous le pontet était rigolo mais inutile, et il disposait du cut-off, où les petits malins pouvaient même, par une petite manip qu’on connaît tous, avoir accès au ghost-loading soit une cartouche en plus (3+1) mais à quoi bon ? On pouvait regretter le son métallique de l’action dû à des harmoniques dans la géométrie des matériaux, or tout cet ensemble mobile lié à la courte crosse (sans doute pour tirer l’hiver dans la toundra avec une grosse doudoune !) contribuait au confort et au suivi des tirs.

Moche, lourde, mais robuste et fiable, oubliez le design et la ligne élégante, le plaisir de peloter et de regarder, seule la fonctionnalité rendait attractive cette grosse Babouchka, à la mine renfrognée, qui si elle n’était pas trop avenante, savait quand même cuisiner ! Remplacé par un « light » (MP 155) que les événements, depuis 2014, ont fait passer à la trappe, le MP 153 reste la compilation absolue de tout ce que le chasseur sensé peut détester en ajustement-finition ou équilibre, mais qui fonctionne toujours à merveille, et dont il ne peut plus ensuite se passer.

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1/ Voir archives du 5 février 2025 et du 24 décembre 2027.

2/ Un Browning Gold sans speed-loading et la coupure de chargeur.

3/ Le rodage se faisait avec une centaine de cartouches de 36 grammes, et non avec les « bougies romaines » qu’il devait tirer. Comme l’Auto 5, laisser faire le réglage usine ou « lourd », et ne plus toucher à rien. A force, si bien entretenu et lubrifié, il finit par tirer tout, même les cartouches de trap.

4/ Parmi les nombreuses marques ayant fourni des chokes spéciaux, cette fois parfaitement usinés, citons Terror, Briley, et en France Kicks High Flyer sans doute le plus répandu. A ne pas négliger non plus en battue, les canons longs de 76 cm sont redoutables, en lisse (C) ou lisse amélioré (IC) qui mettent 10 balles dans 2 pouces (5cm) à 30 mètres avec une Prévot « S » dont la rapidité (600m/s) approche celle des carabines et donc pouvoir tenter un tir sans quasi correction.

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