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FCM 25.00
12 décembre 2023

Fusils de chasse russes : au fond du lac Baïkal ?

Nous avons suffisamment consacré de papiers à tous ces vieux tracteurs (1) pour qu’on ne puisse nous accuser de vouloir pour toutes sortes de raisons, les enterrer dans les steppes de l’Asie centrale ou plutôt les noyer dans les profondeurs insondables du lac du même nom. Faut juste tenter de voir comment ils ont évolué, trouvant une fenêtre opportune au moment de la perestroïka, avec le succès mondial du MP 153, puis s’enliser dans le dégel qui suivit. Deux coups d’arrêt politiques (2014 et 2022) ont permis aux Turcs de mettre un pied dans la porte.

un

 

Rien de bien génial en 1997 quand l’IZh 81, un fusil à pompe copie du 870 Remington de qualité inégale, avec boitier alu, et prise du verrou dans l’extension du canon vit le jour aux mains du gardiennage et des sociétés privées. Le concept fut affiné en MP 151 présenté au salon IWA 1999, mais vraiment abouti avec le MP 133 en 2000. Ci-contre à g. Ce fut la base à suivre en lui adjoignant l’automatisation du best-seller MP 153, mais avec quand même une innovation de taille sur la seconde des deux versions, la « K » proposant deux chargeurs, un tubulaire classique (4 ou 7 coups avec extension), et un magasin sous forme de boitier (3 coups) ! On pouvait utiliser les deux, mais pas en même temps, cette double alimentation complexe se commandant via un levier sur le boitier-chargeur. Voir ci-dessous à dr. L’intérêt était plus évident pour les forces de sécurité que pour les chasseurs, avec la possibilité de se ménager une capacité en munitions spéciales : perforantes, non létales, chevrotines.

deux modele K

La première version était chambrée 70-76-89 dans plein de versions plastique, bois, noyer, bouleau, hêtre, crosses pliantes, canons de toutes dimensions (75-71-66-61-54-51 cm), et nombreux chokes, et même un rayé « Paradox » ! Le « K » n’était chambré que magnum (76), et fut rarement vu aux mains de l’Armée ou des forces de police, connaissant un petit succès à l’export nord-américain, mais vite éclipsé par le succès du MP 153, lui-même passé devant, même en Russie, son concurrent le « Bekas » de la firme adverse Vyatska-Polyanski, plus connu sous le nom de « Molot ». Là aussi la réflexion était partie de 1997, pour aboutir en 2002 à un semi-auto (ci-dessous à g.), toujours à emprunt de gaz, verrou dans l’extension de canon qui se fit en 12/70 et 12/76 mais surtout en 16/70, ce qui aurait pu le distinguer à l’export. Comme pour le MP 153, le nœud du problème se trouvait dans la construction de la valve qui stabilise et égalise la pression pour permettre le tir d’une variété de cartouches.

quatre ekaqs-Auto-05

Dans ce domaine, les constructeurs européens et américains avaient une avance considérable, et la technologie difficile et coûteuse du ressort de soupape à force de précharge élevée, obligeait à faire lourd pour gérer la cinétique alambiquée de tout le bazar. Le retour d’expérience du MP 153, permit un peu de réduire le poids du canon et de cet ensemble sur son successeur le MP 155 dix ans plus tard en 2010, mais en conservant quand même les fastidieuses opérations de rodage-mise au point auxquelles ne furent jamais bien habitués les chasseurs occidentaux. Rien dans la concurrence européenne à peine plus chère n’obligeait à ces gesticulations d’avant-saison sur une arme neuve, mais bon, on avait là un « super-magnum », ce qui posait son homme sur les débuts des réseaux sociaux des "huttes virtuelles"… Pour le reste, il s’agissait de modifications cosmétiques (bouton agrandi, longuesse plus mince, cut-off mieux placé, cales d’ajustement et plaque de couche anatomique) permettant, grâce au plastique de gagner du poids : 3,05 kg contre 3,15 à son prédécesseur.

h-21383

Evoquée du temps déjà du MP 153, la question d’un calibre 20 revint à l’ordre du jour, mais sans pouvoir espérer gagner que quelques grammes : il aurait fallu, en fait, tout refaire à neuf, comme J.M. Browning le fit pour l’Auto 5, avec le calibre 16 et bien longtemps après sa conception en calibre douze (2). Les différents embargos tombèrent au plus mauvais moment, celui où l’industrie armurière turque progressait fortement aux niveau des finitions, accolée aux capitaux italiens qui possédaient une avance considérable depuis cinquante ans, en recherche et développement, ergonomie, performances et innovations comme l’inertiel. A prix comparables d’entrée de gamme, les fusils russes à peine sortis des années 90 dévastatrices sur le plan économique de ce pays, ne pouvaient pas étaler cette concurrence féroce où la fiabilité et la solidité, même du fameux « tank russe » ne suffit plus, tant ces derniers montrent même désormais leurs limites actuellement dans les plaines d’Ukraine…Reste le MP 153, vestige bizarre d’une époque révolue, celle des années Gorbatchev, indémodable comme une vieille auto « Zil » ou une montre « Vostok » qui a tant tiré et tire encore auquel on n’est plus attaché que par les souvenirs de passées mémorables, d’averses au fond des bois…et même de notre premier sanglier avec !

1/Voir archives : Kalach du pauvre chasseur (5 février 2015), trucs et astuces (24 décembre 2017), 20 ans de vie commune (21 juillet 2020), chokes spéciaux (1 avril 2016).

2/Voir notre archive du 27 décembre 2019 qui explique tout ça : pour résumer, première production en 1903, l’Auto 5 ne sortit en calibre seize qu’en 1909 chambré 65, et 70 en 1937.

 

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