Quand l'âge monte...la vision baisse !

Tiens voilà un sujet pour les jeunes, futurs vieux de la vieille ! Tout dans la vie d’aujourd’hui n’est pas en retrait par rapport au « bon vieux temps », et la chirurgie oculaire en est un bon exemple. Cataracte, sensibilité à la lumière plus forte qu’avant, ou encore « corps flottants » (pas vraiment cools à la passée aux pigeons ou au marais nous pouvons en témoigner), font partie de la panoplie du vieux chasseur.

La visée trois plans (hausse-guidon-cible) devient plus difficile, et si, bien sûr les optiques, scopes et points rouges en suppriment un, toutes les armes ne s’y prêtent pas forcément (1). A la chasse, l’œil humain déplace constamment sa concentration du viseur vers la cible en tentant de maintenir le bon alignement, mais avec l’âge ça se gâte. Jeune, l’œil ne se concentre pas sur deux plans à la fois mais fait des allers-retours si rapides qu’il n’en a pas conscience. C’est cette capacité qui se perd et qui est testée par le souffle d’air qui vous surprend chez l’oculiste.

Les tireurs sportifs ont résolu l’augmentation de la profondeur de champ grâce à des dioptres dont on peut tester l’opportunité en resserrant le petit orifice entre pouce et index et en tenant par exemple un crayon à bout de doigt, représentant le guidon et qui, de flou, deviendra précis, et ajusté à la bonne taille permettra de se concentrer sur la cible visée. Les peep sights et autres ghost rings, repoussent vers l’arrière, plus près de l’œil cette « visée fer » qui donne un champ de vision plus important que les aides à la visée (2), et elle a donc encore toute sa place en battue, notamment pour ceux qui y emploient leur arme habituelle, celle qui sert aussi à tirer le lapin ou le perdreau. Que diable comment faisait-on, sinon comme ça, au temps de la chevrotine ?

La fixation des dioptres sur les lunettes de vue n’est pas possible à la chasse car l’épaulé rapide risque de les déplacer, sans même parler du champ de vision étroit qui, le temps de trouver le ragot, l’aura vu déjà tourner au bout du layon. Même chose pour l’alternative bien connue des tireurs qui est de sacrifier une vieille paire de lunettes de soleil en plastique à deux balles, à noircir l’œil tireur et y percer un petit trou à la bonne taille, et à la basculer sur le front pour recharger et autres manipulations.

Sur certaines armes à hausses en « V », avec des limes de bijoutier on peut passer au « U » pour trouver la cible plus vite, un dispositif déjà utilisé au plan militaire par le fusil espagnol FR8 Cetme qui avait déplacé son viseur vers l’arrière, et une roue perforée (voir-ci-dessus) permettant d’apprécier immédiatement les distances. Sur certains semi-automatiques à bande un peu surélevée, un petit trait de peinture blanche permettra avec une mire fluo, dans une sorte de « T »inversé, de souligner le solitaire se dérobant.

Comme pour la conduite des automobiles, certains, toujours les mêmes jouant de toutes les opportunités pour abolir la chasse voudraient imposer une visite médicale obligatoire tous les ans aux chasseurs de plus de 70 ans. Une contrainte supplémentaire qui impacterait certes une filière économique déjà fragilisée par le « sans plomb ». Mais, il ne faut pas oublier qu’elle est déjà appliquée aux tireurs sportifs, le passage devant le médecin incluant des aspects physiques mais aussi…psychologiques, sans doute difficiles à quantifier. Il faudra donc toujours avoir « bon pied bon œil » pour espérer face au keiler, lui en mettre plein les « mirettes » !  

1/ Jeff Cooper estimait que la visée fer « … avait établi la hiérarchie des tireurs d’élite », mais c’était à l’époque où, à la Gunsite Academy, il y avait au moins une panne de scope sur groupe d’une demi-douzaine de participants grillant chacun 350 cartouches par session. Il privilégiait les ajustements externes (type Unertl) qui n’existent plus ou valent une fortune. Comme pour la chirurgie, l’industrie des optiques a fait d’énormes progrès.

2/ Ils doivent être réglés à la distance la plus faible pour acquisition rapide de la cible, où il sera plus facile de monter en focale, ce qui ne sera pas le cas, si à grossissement plein pot, la cible surgit devant vous.