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1 février 2024

1920-1960 : l'âge d'or du fusil vraiment "français"

Le terme est dans l’air du temps de l’agenda politique, et c’est sûr que nous autres de la génération « mai 68 » pouvons battre notre coulpe, ayant aidé à l’enterrer avec nos superposés et surtout « automatiques » ! Pour nous faire pardonner aidons les jeunes à être au courant de ce qui est beau, léger, et surtout qui marche du tonnerre, où on peut encore accéder pour des sommes dérisoires, et faisant attention et surtout en étant patient.

pointter

C’est sûr les armes de la génération « Coca » ont moins bien vieilli : un Franchi AL 48 est clairement vieux, mais il ne sera jamais un « classique », comme la ribambelle des Darne et des « Hélice » d’une France certes génie de la mécanique et du design, mais sûrement pas du marketing international au temps de la « réclame » ! L’hydre manufacturière stéphanoise n’avait d’égale que Liège, Suhl et Birmingham, en y ajoutant cette « french touch » que l’on retrouvait dans l’automobile et l’aviation. La France de 1920 porta à son maximum la perfection de l’hammerless inventé par Anson-Deeley pour Westley-Richards.

cal seize

Aucun armurier en dépôt-vente ne vous proposera pour la moitié d’un premier prix turc, ces vieux deux-coups dont on discute toujours car on les a tous manipulés, et qui véhiculent l’image en noir et blanc de fantômes en canadiennes battues par les gibecières, et cavalant derrière les pointers. Les vieilles marques, « premières et secondes signatures stéphanoises » connues des seuls initiés de nos jours (1) sont toujours utiles, étant l’apanage de nos pères qui avaient connu les confiscations de l’Occupation, les privations faisant dépenser à bon escient… mais qui connurent en contrepartie, la profusion de gibier qui suivit !

Il s’agissait d’armes à la manipulation agréable et naturelle car légères et souvent en calibre seize, ne posant problème qu’à la sauvagine, où on trouvait comme alternative et en « tout acier » comme les locomotives à vapeur, le fameux « Auto 5 ». La «Qualité » ? C’était la façon dont le levier s’actionnait, souple au début, puis ferme à la fin du mouvement du pouce où la « réserve » s’amenuisant donnait le signal d’aller chez l’armurier alors capable de quasiment tout faire sur ces armes qu’il pouvait commander à façon en petites séries adaptées à la bourse de chacun (2). On parle de « fusil de guilde », abus de langage pour ces armes composites parfois issues des ateliers des grandes marques avec le même contrôle qualité, mais commercialisées par d’autres, quand d’ailleurs elles n’organisaient pas elles-mêmes la concurrence comme Darne avec « Halifax », ou la Manu du Robust avec le « Costo » !

Screen-Shot-2018-04-25-at-8-01-31-AM

La qualité c’était quand les pièces métalliques étaient limées et façonnées à la main, les vis ajustées et toutes alignées à midi, l’action et le pontet parfaitement intégrés au bois sans bavures, forme et esthétique conjugués procurant une sensation unique, arme en main. Le métal et le bois ne faisaient pas que s’assembler grâce au génie de l’artisan, ils semblaient avoir poussé ensemble pour former une arme dynamique et vivante qu’on ne retrouve plus de nos jours qu’à haut niveau, et bien sûr au prix fort. La longuesse s’ouvrait sans forcer, le fusil se « cassait » sans point dur, toutes les pièces mobiles ayant été vérifiées par le « marcheur », un métier à part entière dans la longue chaîne des savoir-faire stéphanois, les détentes et la sécurité glissaient comme dans du beurre, la gâchette se brisant comme du verre au départ du lièvre.

catalogue rivolier

Les canonniers renommés (Fanget, Breuil, Heurtier) apposaient leur contremarque sur ces armes pourtant du commun car tout le monde en faisait :  Peugeot et Automoto, avec les outils et les vélos, comme actuellement Yamaha fait aussi des pianos, de même que les manufactures d’Etat MAS ou MAC (Chatellerault qui ferma en 1968), la chambre syndicale stéphanoise recensant encore 195 adhérents en 1951. Il ne s’agit donc pas d’être « tradi » comme certains qui vont à la messe, ni collectionneur car le paramètre capitalistique est ici inexistant, ni même snob en évoquant la « classe » quand même évidente, de ces vraies armes françaises que certains traitent de « vieux clous ». Il est d’ailleurs étrange de faire partie de cette petite minorité de baby-boomers qui y arrivent mieux avec certaines armes, mais tirent quand même avec tout (3) et désormais avec ces vieilles reliques, pour respecter le Patrimoine et le souvenir du travail bien fait de nos devanciers. Peloter quotidiennement son râtelier compense un peu cette existence démodée, où si c’est fabriqué avant moi, je ne dis pas que c’est vieux mais « vintage » (ce qui fait plus « chic ») et… reste une autre manière de rester jeune en quelque sorte !

fin

1/ Citons par exemple Marcel Philippon, père et fils, 17 rue Pierre Ternier à St-Etienne qui produisirent de 1933 à 1964, des milliers d’armes difficiles à identifier, car signées de leurs seules initiales, au milieu des autres marques d’épreuve. Mais il y en avait bien d’autres : Boucher, Seytre, Didierfusil, Balp, Maisonnial, etc.

2/ Les « grandes maisons » parisiennes (Gastine-Renette, Callens-Modé, etc.) faisaient de même dans le haut niveau, finissant des armes dont les pièces venaient de St-Etienne ou de Liège.

3/ Dernière acquisition un fusil…à pompe turc, pour montrer qu’on n’est pas sectaire !

 

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