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14 octobre 2015

Au temps des perdrix sauvages

Comme le dit une jolie chanson de Charles Aznavour « ...c'est un temps que les moins de vingt ans...(et même sûrement deux voire trois fois plus !) ne peuvent pas connaître »...celui des perdrix sauvages. Gibier de fond, d'autrefois, et par excellence avec le lièvre, d'ouverture, avant que les compagnies, réduites petit à petit par la force des choses, obligent le chasseur rural à se rabattre sur le lapin que 80% de nos devanciers poursuivaient en arrière-saison.

 

tir px

On a donc un peu perdu tout le langage fleuri qui s'y rapportait comme le fameux adage « à la Saint-Rémi (1), tout perdreau devient perdrix ». Il s'explique par le cycle de développement, bien oublié de nos jours de cet oiseau qui nidifiait à la période des foins en juin. A cette époque où on fauchait encore beaucoup à la main, les agriculteurs quasiment tous chasseurs, découvraient souvent des nids qu'ils mettaient à l'abri le temps que la faux ou la machine passe. Il n'était pas rare que les « poules perdrix » ou « chanterelles » (2) les déplacent ailleurs en emmenant les oeufs un à un sous leur aile. Certains, mettaient même des oeufs à couver à des poules de basse-cour, et les « pouillards » (3) ne suivaient cette mère d'adoption qu'un temps, celui d'entendre le premier rappel de leurs congénères sauvages.

 

En été se formaient les « compagnies », issues des mêmes parents, les petits non encore volants étant dits « à la traîne ». En hiver quand les compagnies étaient décimées on ne parlait plus que de « bandes » avant l'accouplement de mi-février, et la pariade. Le perdreau devenait perdrix quand il perdait ses mouchetures des ailes où il était alors « maillé », et que naissaient les petits de l'année suivante. Quand des couples étaient appareillés, les mâles en surnombre venant perturber la vie de ces derniers étaient nommés « bourdons », et étaient les cibles privilégiées de « l'écoquetage », soit pour éliminer, soit pour servir de parents de substitution à des couvées orphelines. Le « recoquetage » étant le terme idoine pour une nouvelle ponte si le nid était détruit.

 

perdix

De nos jours par chez nous, on ne se préoccupe plus beaucoup, car c'est devenu seulement un gibier de tir, du comportement à la chasse de la perdrix, oiseau qui piète beaucoup, et utilise de nombreux stratagèmes pour échapper aux chasseurs et aux chiens. A l'envol, beaucoup « se  rasent », ou suivent les sillons pour se cacher. On dit alors qu'elles « s'amottent ». On en a vu traîner une aile, faire les blessées pour éloigner les chiens, et même des petites compagnies disparaître comme par enchantement...dans des garennes, d'où on les faisait sortir sous la menace des furets ! Tout comme la bécasse il existe des témoignages de perdrix chirurgiennes, unijambistes, ou se soignant avec des pansements de plumes et de duvets collés. Dans tous les cas de tir pas trop cadré, il valait mieux posséder le chien ad hoc, le perdreau démonté, piétant, peut-être plus encore que le faisan, inlassablement.

 

Nos anciens évoquaient avec nostalgie, le temps béni qui suivit les fermetures « forcées » d'après 1914 et 1939. Mais ce que l'on sait moins, c'est que nos « poilus », dans le no man's land de la ligne de front arrivèrent parfois à en ajouter à leur menu. Il en fut tiré au Lebel ! Mais ça amenait parfois la riposte de l'artillerie adverse ! Avec la complicité d'officiers sans doute chasseurs, certains purent transformer des vieux fusils Gras en des lisses qui cubaient à peu près un 20 actuel. Les poudres sans fumée étant trop brisantes, ils dépouillaient chez les copains artilleurs, des gargousses, pilaient la poudre à gros grains dans une gamelle, et en fondant les billes de shrapnells que leur envoyaient à foison les « Boches », faisaient de la grenaille en tamisant le plomb fondu avec une boîte de « singe » criblée de coups de « rosalie »...A la guerre comme à la guerre comme on dit, et ils joignaient l'utile d'un repas amélioré, à l'agréable d'une distraction inhabituelle en des temps et des lieux qui en manquaient singulièrement.

 

perdrix et epagn

pix

1/ Le premier week-end d'octobre.

2/ Car elle appelle le mâle, couverte, elle es dite « adouée ».

3/ Il s'ébroue dans la poussière pour se débarrasser de ses parasites, mais il s'agit aussi d'une signification sociale de marquage de territoire. Le pouillard effectue déjà des petits vols à deux semaines, et il est volant à vingt jours.  

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