Adieu au vieux "Clairon" !

Etant quelques-uns sur ce site à avoir passé plusieurs années sous les drapeaux, nous effectuons parfois quelques détours du côté de l’armement militaire. Nous l’avons déjà annoncé ici (1), voilà le « Clairon » parti au panthéon du génie de notre armement tricolore, remplacé, notre fierté nationale du-t-elle en souffrir, par une arme…allemande !

C’est le 25 janvier dernier qu’a été officiellement présenté aux parlementaires le Heckler und Koch 416 F  (ci-contre à g.) qui, sur dix ans, arrivera au nombre de 117 000 exemplaires pour tous nos militaires (2). Sa notification en 2016 avait suscité un débat autour de la souveraineté nationale ce qui peut se comprendre! Ce fusil d’assaut moderne est présenté comme un « saut technologique » après un an d’essais, 860 000 munitions tirées, mais il  ne faut pas non plus exagérer. Voyons en quoi il diffère de l’ancien FAMAS.

Le principe de fonctionnement est ancien, c’est celui à emprunt de gaz un peu amélioré (3) conçu il y a bien longtemps, avant la guerre du Vietnam par Eugène Stoner pour la carabine Armalite, puis M16 dans la terminologie US Army. La version courte, celle pour personnels embarqués sera plus nombreuse que la longue dont 10% pourra emmener également le lance-grenade de 40 mm. Le poids (4 kg et 3,7 pour la version courte) est à peu près similaire, emmenant 20 à 30 coups, toujours dans le calibre 5,56 OTAN ou 223 R, lui aussi sujet à polémique depuis de nombreuses années. La prépondérance des canons courts réduira encore les performances du 5,56 souvent mis en cause pour les engagements à grande distance en Afghanistan. Un dilemme vieux de cinquante ans quand dans le djebel, nos troupes devaient répondre à une embuscade avec la mignonne petite carabine US, et son calibre 30 Carbine anémique…Mais la doctrine d’emploi doit maintenant tenir compte de nouvelles règles liées aux guerres asymétriques, au fort niveau de combats urbains donc à courte distance, et bien sûr aussi du terrorisme.

La cadence de tir avec le HK sera plus lente (850 coups/m contre 1100) ce qui rendra plus confortable et efficace le tir en rafale, montant la portée utile de 300 à 400 mètres. La mise à disposition de nombreux rails permettra de porter des accessoires bien utiles : poignées additionnelles, lampes, et des optiques qui étaient celles du FAMAS, point rouge Aimpoint, et surtout la lunette Scrome J4 dont le réticule permet deux types de tir : instinctif (possibilité d’éclairer) et précision jusqu’à 600 m. et qui est aussi utilisée pour la mitrailleuse Minimi. Si la crosse est réglable, elle n’est pas repliable car elle contient le ressort récupérateur, ce qui est bien dommage quand il s’agit de crapahuter.

Le FAMAS, (ci-contre à dr.) de conception tardive mais innovante (bull-pup), au moment où l’industrie armurière nationale pour raison déjà d’économies s’apprêtait à passer la main, était devenu impossible à faire évoluer, difficile à entretenir et réparer. Six chargeurs ou trois percuteurs valaient le prix d’un HK 416 F ! Nous étions donc contraints de faire confiance à l’industrie de voisins qui, il y a un bon siècle, auraient fait s’étrangler notre brave Paul Déroulède ! Espérons  seulement que l’Allemagne ne nous déclare pas la guerre…

1/Voir notre archive du 3 octobre 2016 « On n’entendra plus le son du clairon » !

2/Seule la Gendarmerie gardera le FAMAS, même si le GIGN, les PSIG, et la Brigade anti-criminalité chez les policiers ont déjà utilisé du HK, notamment le G 36.

3/ En améliorant l’emprunt de gaz direct qui avait tendance à s’encrasser en y rajoutant un piston. Les gaz pénètrent dans un petit cylindre contenant un piston garni de rondelles un peu comme des segments auto, lequel pousse une tige qui déverrouille ensuite la culasse. C’est utile pour les grosses séries de tirs au-delà de 500 coups ce qui n’est pas rare au combat. Autre avantage, si l’arme tombe à l’eau, elle peut immédiatement retirer. Inconvénient : gros va et vient de petites pièces mécaniques, de petits chocs et vibrations qui peuvent nuire à la précision, ce qui est moins important dans le combat rapproché où cependant les enrayages suite à la calamine sont à proscrire, la vie de l’utilisateur étant en jeu.