Intemporelle Ruger Mini 14

Pas vraiment concernée par la chasse dans notre pays, puisqu’il faudrait qu’elle soit limitée à 3 coups et chargeur inamovible, nous n’en parlons ici que parce qu’elle fait partie du paysage du tir, et même de nos administrations puisque CRS et Administration Pénitentiaire l’emploient (1).

C’est de nouveau, au même titre que les Winchesters à levier ou le Colt 45, une arme américaine mythique. La « ranch rifle » est à portée de la main au fond de la grange ou à l’arrière du pick-up car elle possède toutes les qualités requises là-bas : maniabilité de la petite « 30 Carbine », balistique de l’ AR 15, et sensations du Garand ou M 14, tout le monde, notamment les chasseurs n’étant pas forcément sensible aux looks du « tactical » ! C’est en quelque sorte la « petite carabine US » remise au goût du jour avec l’emploi d’un calibre moderne, le 222 Remington.

Développée en 1970 par Bill Ruger, mise sur le marché quatre ans plus tard elle reprend l’aspect du Garand auquel elle emprunte d’ailleurs la technologie : emprunt de gaz, un piston fixe poussant sur le côté droit une longue tige qui fait reculer la culasse dont la tête à deux tenons est rotative sur un tiers de tour. Les 6 rayures du canon de 47 cm sont au pas de 1/10 le plus souvent permettant l’emploi de munitions peu onéreuses ou de surplus.

C’est un système rudimentaire sans réglage, efficace, au départ pour les calibres peu onéreux que sont les 222 et 223 Remington. Dès sa sortie en 1974 est même prévue, sous le nom de « Assaut rifle » une version full auto pour les administrations, en 1978 un modèle inox, et sur 1982-2004 le fameux « Ranch rifle » perfectionné pour l’adjonction d’optiques. L’année suivante voit le jour une « New Mini » au canon plus lourd, et cette arme courte et légère (3 kg), facile à démonter et entretenir se dote de tous les accessoires et kits, chers au tir rapide et à la doctrine du « spray and pray » (arrose et prie... pour que ça touche !) qu’affectionnent nos amis US : crosses pliantes, trépieds, rails pour lampes, optiques, bref un véritable petit système d’armes.

Au départ elle tire 5 coups, mais pour les mêmes raisons nous sommes vite passés à des chargeurs de 20 ou 30, voire même un double tambour de 100 coups !  Voir ci-contre à g. Signe de la capacité d’adaptation des firmes américaines, en 1986, face au succès de la « Kalache » et de ses clones, est sortie une Mini 30 en 7,62X39 (limitée à 20 coups), et plus récemment une Mini 6,8 pour le 6,8X43 SPC, née du retour d’expérience des services spéciaux en Irak et combler l’écart entre le 223 R et le 7,62 OTAN. On passe ainsi d’une balle de 60 à 115 grains bien plus efficace pour le combat urbain. L’actualité est désormais à une version en 300 Black-Out. Nous avons développé, pour ceux que ça intéresse, les atouts de ces petits calibres nouveaux et rapides dans notre archive du 7 novembre 2017. Ci-dessous à droite on  voit bien la différence de projectile entre le 6,8 SPC (à gauche) et le 223 R (à droite)

1/ La Ruger Mini 14 a été associée à des faits divers tragiques : en 1979 elle fut employée par l’anti-gang pour mettre fin à la cavale sanglante de Jacques Mesrine, et en 1986  après un hold-up en Floride où le FBI nanti de seules armes de poing perdit du monde dans la fusillade qui s’ensuivit. Plus près de nous (22 juillet 2011)  elle faisait partie de l’arsenal de l’extrémiste Breivik lors de la fusillade d’Utoya en Norvège.