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FCM 25.00
16 février 2021

Custom Shop : l'âge d'or des graveurs liégeois

Faites le test : la magie de la gravure, c’est faire bouger le sujet qui décore l’arme dans des conditions d’éclairage différent ! On percute ou pas, c’est un secteur qui relève actuellement du luxe alors que c’était autrefois un des derniers maillons de la longue chaîne de l’armurerie stéphanoise et surtout liégeoise qui, dans les années 50 avec le Custom Shop d’Herstal proposa des merveilles qui sont aujourd’hui des aubaines…

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Si on doit au génial J.M. Browning l’invention du B 25 « The superposed », on sait moins que c’est son fils Val qui le finalisa, et le petit-fils John Val alors que le père dirigeait l’entreprise aux USA (1), vint s’installer en Belgique comme ingénieur résident et superviser la production et le contrôle qualité. Et c’est le neveu, Bigelow (fils de Matt, frère de JMB) qui, de 1950 à 1955 inspira une campagne de marketing haut de gamme établissant les concepts généraux de petites séries discutées avec le département gravure. Celui-ci était alors dirigé pour trente ans par Félix Funken (ci-dessous) avec à son départ en retraite en 1960, pas moins de 180 graveurs sous ses ordres. Il enseignait également deux classes d’apprentis dont un des meilleurs éléments Angelo Bee, qui y entra à 12 ans résuma bien (pour American shotgun en 1984) les difficultés : « …pendant 9 mois on ne touchait pas un outil, quatre ans de cours du soir aux Beaux-Arts de Liège, sur une vingtaine seuls 3-4 finissaient par arriver enfin au métal, commençant à graver sur les armes de bas de gamme pour monter par paliers. Tout au bout de la chaîne, les maestros ne travaillaient que sur les commandes spéciales ».

felix

Dans ce top six (2) outre Félix Funken, les deux maîtres-graveurs qu’il désigna lui-même pour lui succéder : Louis Vranken et André Watrin, dont l’épouse Nelly était chef d’atelier chez les dames qui étaient nombreuses dans la profession. La F.N. était dans ces années une énorme entreprise favorisant l’établissement de véritables dynasties armurières comme la famille Maréchal : Alphonse, Florent, Pierre, Georges et Françoise. Au firmament de la gravure féminine Leah Van Laar fut une autre chef graveuse nommée par Funken, mais se sont également fait un nom : Antoinette Brigante, Jeannine Vanderspiegel, Sophie Pirgal, Jeannine Pirotte, Lyson Corombelle (3) et surtout Marie-Louise Magis dont l’esquisse fut fin novembre 1960, retenue contre celle de ses maîtres Funken-Vrancken, par Val Browning lui-même, comme modèle de la production « Pointer » (1961-1966). En bas à dr. 

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Le modèle « Pigeon » démarrait l’exemple classique et très populaire de ces hauts grades et n’était généralement pas signé, hormis parfois par le maître Funken quand il appréciait le travail de ses élèves auxquels il donnait là une sorte de bénédiction paternelle. Inutile de dire qu’en collection, ça fait bondir la valeur de l’arme ! Le Superlight (3) qui se fit en 12 à partir de 1967, et en 20 deux ans plus tard, rivalisait avec le Diana dont l’illustration typique était cerf-sanglier, mais pouvait aussi s’accompagner de faisans ou colverts. Tous ces modèles dont le Midas était le joyau n’étaient jamais identiques à cause du nombre de graveurs et de leurs différentes approches artistiques dont le style également évoluait avec le temps.

Funck pointer grade

Curieusement tous n’étaient pas forcément signés. Un Midas par exemple demandait 60 heures de travail d’un maître-graveur (à comparer aux 4 « Pigeons » que devait illustrer par jour un arpète se faisant le plus souvent la main avant sur un Auto 5) lequel ne faisait pas forcément tout. Et quand trois maîtres intervenaient ensemble la paternité de la gravure était difficile à établir car il fallait ménager les querelles d’ego et l’aspect collectif de l’ouvrage. L’esprit de corps de la profession était renommé, elle refusa en effet de graver les Citori des hauts grades IV et V fabriqués au Japon, que firent manuellement un moment par les Japonais qui en étaient fort capables, mais frappés rapidement eux aussi,  par la limitation des coûts.

En moins de vingt ans l’effectif passa de 180 graveurs à 16 en 1987, la F.N. gardant les meilleurs capables de tout faire et particulièrement les gravures les plus difficiles et rémunératrices dans un marché du superposé en déclin. Tout récemment, la John Moses Browning Collection a repris le flambeau de ces modèles haut gamme dont les prix n’ont toutefois rien à voir avec ce qui se pratiquait il y a cinquante ans…il n’y a plus dans cette prestigieuse maison, que trois graveurs à plein temps ! C’est la raison pour laquelle, en occasion, ces armes des années 50-60, la plupart du temps en bon état, demeurent des aubaines pour les collectionneurs avertis.

1/Le groupe FN Herstal qui a son siège à Liége gère deux filiales F.N. Défense et Browning (plein air, chasse) qui, chacune possède son propre service RD, fabrication et réseau mondial de distribution.

2/Citons parmi les plus connus : José Baerten, René Coenen, Mueller, Charles Servais, Grégoire, Lallemand, C.Perfido, Greco, André Dierckx.

3/Fille d’Hyppolite (1871-1943) qui fonda à la fin de sa vie une école de gravure en Italie, formée par Funken (1894-1971) elle travailla aussi pour Lebeau-Courally et Francotte.

4/Le gain de poids de la technologie « Lightning » était de 170 à 280 grammes par l’emploi de canons à la teneur en nickel plus élevée permettant l’emploi de tubes plus minces et légers et d’un devant aminci. A partir de 1960 elle fut employée systématiquement sur les hauts-grades, la lettre nomenclature permettant seule de le savoir. Sources : The Browning Superposed, Ned Schwing.

 

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