Une 22 à percussion centrale : 22 Cooper CCM dernier avatar du 5,5 Vélodog !

Le 22 LR est certainement le calibre le plus populaire au monde, mais sa faiblesse réside dans le minuscule étui de laiton à percussion annulaire, qu’on ne peut pas recharger pour améliorer les performances des projectiles. Il faut donc faire des essais multiples de munitions et les adapter à son arme. Bien sûr certains ont quand même tenté l’affaire de la percussion centrale initiée en 1882 avec le 22 Extralong Maynard des Lebels des bataillons scolaires.

Dan Cooper est un ancien de chez Kimber qui, en 1991 lança la troisième réincarnation de ce vieux calibre (1885-1936) surclassé ensuite par le 22 Winchester centerfire (1885-1936) « papa » en 1930 du 22 Hornet (1). Tout ça bien sûr à percussion centrale et ne surtout pas confondre avec le 22 extra long à percussion cette fois annulaire dont nous avons déjà parlé ici (2), ni le 22 WMR ou 22 Winchester Magnum Rimfire plus connu sous le nom de 22 Magnum (1959). Sa réflexion était celle des tireurs à la silhouette métallique qui s’étaient rendu compte qu’on était plus précis avec le 22 Magnum, qu’avec les 357 ou 44, calibres d’armes de poing « soufflant » fort. Le hic, étant cependant qu’à 100 m. les petites balles 30-40 grains n’arrivaient pas à renverser les gongs !

On chercha donc des balles plus lourdes quand Federal sortit une 50 grains, et que le 22 Hornet enfin approuvé pour cette compétition, résolve le problème, mais l’idée resta quand même, de faire un 22 magnum en quelque sorte « rechargeable ». Cooper partit de Fiocchi seule marque faisant encore du «5,5 Vélodog » peut-être alerté par le succès fameux de Charles Askins à la compétition de Camp Perry de 1937 (3) pour sortir les 17 et 22 CCM (Cooper Centerfire Magnum), ce dernier se situant juste entre les performances du 22 Magnum et du 22 Hornet. Le 22 Magnum n’étant pas très précis (660m/s à la bouche mais seulement 303m/s à 180m et surtout flèche de 42 cm à cette distance), le grand Jack O’Connor lui-même en 1960 ne faisant pas confiance aux performances usine, avait montré que le « frelon » avait une vitesse réelle de 727m/s au lieu des 818 annoncés, servi le plus souvent par des canons au taux de torsion trop lent : 1/14 alors qu’il faudrait 1/7.

Le 22 CCM, 10 % plus rapide que le 22 Mag (4) outre sa précision, était censé être plus meurtrier pour le varminting sur une très belle petite carabine M 38 à un coup qui se vendit à 500 exemplaires environ dans la décennie. Mais sa belle cartouche, véritable modèle réduit de la 45-70 si populaire aux USA, se heurta aux difficultés de reformer un laiton mince et fragile, de plus utilisé à des pressions autres que celles qui prévalaient à la Belle Epoque ! Ce qui ne rebuta pas cependant les adeptes du rechargement l’utilisant sur le fameux « Contender », mais aussi des 22 du commerce, assez faciles à transformer grâce au second marché des fournisseurs de laiton proposant des verrous, ou même les artisans compétents avec des canons Shilen.  Ci-dessous, de g. à dr. 22 Velodog, 22 Magnum, 22 Hornet

Même si, de nos jours, le tir de bench-rest du 22 LR revient (en octobre dernier au camp de Canjuers on y a tiré de 200 à 510m, c’est donc dire si le 22 LR possède des qualités insoupçonnées), la percussion annulaire a longtemps été un frein, en ne tapant que sur le côté de l’étui, à la précision intrinsèque. S’en passer ouvre en effet des perspectives à des projectiles plus lourds ou élaborés, des taux de torsion plus rapides, des chambres plus sophistiquées. C’est pourquoi le 25 ACP (notre 6,35) est aussi utilisé avec des étuis raccourcis et rétreints à col bouteille pour tirer des balles de 20 à 40 grains, car permettant plus de poudre et de pression dans un étui plus solide : 22 Ladybug (coccinelle), 22 Epperson cricket (sauterelle), ou avec le 32 ACP (7,65) 22 Corbin flea) (puce). Toutes ces petites bestioles rampantes et vrombissantes, ont des caractéristiques proches du 22 Magnum et font les délices des bricoleurs, farouches défenseurs dans leur garage, du second amendement…On voit ci-dessous à g. le 22 Ladybug comparé avec une 22 LR standard.

On travaille là dans un secteur parallèle des variations autour du 22 Hornet raccourci avec épaulements type K-Hornet, quasi inconnus chez nous : 22 Squirell (écureuil), 22 Long Snapper, 22 Mink (vison). Il s’agit par exemple pour ce dernier avec canon de 23 pouces et balles de 32 grains, de vitesses frôlant les 1000 m/s permettant d’escompter l’œil de marmotte à 250 m ! Elles se sont toutes également faites en 17, et c’est assurément la commercialisation du 17 HMR (Hornady Magnum Rimfire) depuis presque 20 ans (2002) qui a mis tout le monde d’accord (5). Cette percussion annulaire aux performances optimisées par rapport au classique 22 LR, mordant de plus en plus sur sa clientèle sans avoir à passer par un rechargement épineux et du matériel de « pointe »…c’est bien là le cas de le dire, tant ces petits calibres sont acérés !

1/ Voir archive du 3 nov. 2017.

2/Archive du 20 nov. 2020. Nos deux illustrations de boîtes de munitions anciennes dans cette page sont d’ailleurs erronées puisque s’agissant du 22 extra long Maynard dont nous parlons aujourd’hui. Mea culpa…

3/Le règlement étant imprécis «…tout calibre à percussion centrale », surtout pour des revolvers Charles Askins utilisa également le 5,5 Velodog pour lui faire tirer le 221 Askins où la balle standard 22 LR est de 40 grains dans un pistolet automatique Colt Woodsman, (ci-contre à dr.) transformé à percussion centrale par Franck Pachmayr. Les mauvais perdants cherchèrent à pinailler, les organisateurs lui donnèrent de mauvaise grâce la victoire, mais l’année suivante le règlement précisa « seulement pour calibres de 32 et plus » !

4/Le 22 Mag est donné, selon les munitions entre 485 et 600m/s, le 22 CCM balles de 35 à 37 grains : 757m/s ; 40 grains : 727m/s ; 50 grains : 606m/s.

5/Archive du 5 novembre 2017.