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FCM 25.00
21 février 2021

Punt guns et autres...canards d'hier !

Voilà bien une chasse exigeante où les armes sont exposées à la tangue, la pluie, la neige et les embruns, quand les retrievers ne viennent pas marcher dessus avec leurs grosses pattes sales, qu’elles ne servent pas de gaffe improvisée pour harponner les leurres, ou de pagaie de secours quand on chassait en bateau. Un mode de chasse devenu rare de nos jours et qu’on se plait à découvrir en feuilletant les vieux livres.

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Désormais plus question de chasser avec plus gros que le calibre dix sachant que le 8 (21mm) était autrefois assez courant et encore « épaulable» malgré ses 7 kg. Les deux canons en full, en multipliant en gros par trois la charge et le recul d’un classique douze, on pouvait encore tirer à 80 mètres ! Mais il y avait mieux avec les canardières, et autres punt guns, pour beaucoup issus de la technologie des « fusils de rempart » utilisés par les défenseurs lors des combats de sièges pour briser les fascines de protection des sapeurs, voire atteindre, autour de 300 mètres les artilleurs et officiers (1) venus superviser l’attaque des fortifications.

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Il s’agissait, avant l’heure des « fusils de snipers » genre 50 BMG qu’emploient actuellement nos tireurs d’élite ! Leur longueur de canon impliquait un chargement par l’arrière avec une chambre mobile dont le dernier modèle, le Charleville de 1831 inspira dans toute la fin du siècle, des armes de conception artisanale permettant aux chasseurs de ratisser le plus largement possible au gibier d’eau.

8 bore

Une chasse particulièrement bien documentée côté anglo-saxon (2), notamment aux USA dans la baie de Chesapeake où on signalait une centaine de ces armes de gros calibre. Après la guerre civile il fallait accompagner la reprise générale alimentaire (et en plume de chapeaux pour les élégantes !), cette zone étant proche des grands centres faciles à desservir par voie ferrée, et au début des frigos. C’est la chasse au phoque, cinquante ans plus tôt à Terre-Neuve qui amena en Nouvelle Angleterre, mais aussi au Texas et dans le Maryland, ces petits canons allant jusqu’au « bore 2 » avoisinant 37mm, les 44 grammes de poudre noire envoyant 380 grammes de plomb, soit dix fois la charge d’une cartouche de douze ! Ci-contre à g. un calibre 8

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Il s’agissait de constructions spéciales, la plupart du temps sur mesure en Grande-Bretagne où il n’existe d’ailleurs toujours peu de restrictions en calibres et en munitions (3). Les plus grands fabricants de l’époque, de Greener à Holland/Holland en firent pour des professionnels comme S.Slight (ci-contre à dr. ) tenant, devant un punt armé, son gros calibre 8, chasseur du Yorkshire qui, entre 1890 et 1907 tua plus de 5000 oiseaux, son record étant de 44 du même coup ! Le fait que les « gentlemen » s’y soient intéressés fit perdurer à la fois la construction des embarcations spécifiques et chères, ainsi que les armes s’y rapportant. Un des derniers représentants de cette mouvance fut l’acteur écossais James Robertson Justice (4) qui, en compagnie du prince Philip, époux de la reine, servant en 1950, la canardière « Irish Tom », faillirent bien se noyer…

gras 4 et 12

Aux USA, le Lacy Act de 1900 qui interdit le transport de gibier entre états, puis une série de lois fédérales (Bird Treaty Act) après 1918, rendirent peu à peu illégales ces armes qui continuèrent cependant à continuer de tirer plus ou moins clandestinement, jusqu’à la grande dépression de 1929. En France, le catalogue de la Manu a popularisé ces armes extraordinaires comme la canardière Darne de calibre 45 mm, tirant avec 100 grammes de poudre noire 600 grammes de plomb. Elle faisait 2,25m de long et pesait 74 kg ! La mécanique relativement simple du fusil réglementaire Gras, déjà souvent facilement transformé en fusil lisse de chasse, servit également à fabriquer des grosses canardières en calibre 4, ressemblant en poids et envergure aux Vogelbuchsen des sociétés de tir allemandes.

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Les anciens Ets Pieper à Liège, en 1890 perfectionnèrent même la chose en forant sept canons de douze dans une seule pièce d’acier massive. Chambré à 65, chaque coup chargé de 60 grammes de poudre noire envoyait 60 grammes de plomb, l’équivalent de notre actuel super magnum, au coup par coup ou les 7 à la fois. Nous reviendrons dans notre prochain article sur ces « volley guns » qui tiraient aussi du petit calibre, dont le 22 RF, ancêtre du 22 LR.

1/Napoléon, au siège de Ratisbonne en 1809, fut ainsi touché au gros orteil par un de ces gros projectiles qui avait rebondi, sans ouvrir sa botte, mais de manière fort douloureuse pour lui, car ses orteils avaient enflé, les ayant aux pieds depuis trois jours !

2/ Sources : colonel Peter Hawker (USA) et Ralph Payne Gallwey (1896) pour la Grande-Bretagne.

3/ Depuis 1995 seulement le calibre est limité pour les punt qui ne sont plus qu’une cinquantaine au Royaume Uni, à 1,75 pouce (44,45 mm).

4/ Acteur engagé (1907-1975) il servit avec les Républicains pendant la guerre d’Espagne, joua dans Mayerling, Robin des Bois, les canons de Navarone, et avec les plus grands acteurs de l’époque.  

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