6,8 Western : cartouche ultime pour les boitiers courts ?

Lancée en pleine pandémie début 2021 dans la polémique née de la pénurie de cartouches populaires, cette nouvelle venue surfe sur l’engouement du 6,5 (Creedmoor, PRC, etc.), et sent bon le marketing avec appellation métrique pour la vocation internationale, et le nom Western, discret rappel de la marque de cartouches fondée en 1898, et des grands espaces de l’ Ouest américain pour le tir à longue distance.

Lancé en 2018 par Winchester, le projet avalisé SAAMI en 2020 à des pressions hautes mais courantes de nos jours (65 000 psi) est basé sur le 270 Winchester Short Magnum de 2002, lui-même ayant conservé la valeur .277 du 270 Winchester bientôt centenaire (1925). On a gardé la forme « bouteille » avec le fort épaulement de 35°, mais avec un étui raccourci de 2,2mm. Ce qui a permis de donner plus d’espace pour la balle à l’extérieur de l’étui afin qu’elle ne soit pas trop enfoncée sans perturber la colonne de poudre, et un free bore serré le plus court possible avant d’engager les rayures pour annihiler l’effet lacet.

Tout se joue là : on avait, du temps des WSM et Remington SAUM entassé la poudre, mais sans trop se préoccuper des balles qui, maintenant, font l’objet de toutes les attentions. Elles sont, dans un calibre plus petit que le « 30 » sempiternel aux States, plus lourdes, longues, avec un coefficient balistique excellent (0,620 quand 0,500 est déjà considéré comme bon) et une meilleure densité de section. Il s’agit de trois chargements de 165-170-175 grains filant à 900m/s et 4000 joules à la bouche dans un canon de 24 pouces. Ci-contre à dr. le 6,8 Western poursuit la tendance "bouteille" des cartouches à fort épaulement initié par le 270 WSM et le 6,5 Creedmoor. 

Dans une action courte on est bien plus lourd que les autres 6,5, et même le 270 Winchester conçu pour le 130 grains, en « zérotant » à 200m. avec moins de prise au vent et bien plus de peps : 3542 joules contre 3076 pour le 270 Winchester classique et 3164 pour le WSM. A 500 m, le 6,8 Western est encore plus puissant (2500 joules) que le 300 Winchester Magnum (2300 joules) dont on croit à tort, en France, que c’est seulement un calibre de battue pour la Browning Bar !

Ce nouveau calibre qui partage le recul du 7 Remington Magnum empiète directement sur ses plates- bandes, mais avec des balles beaucoup plus aérodynamiques, et à plus forte densité de section se destinant donc au tir lointain sur des animaux résistants. Il est dans l’air du temps des calibres récents (27 Nosler, 277 Fury de Sig Sauer) qui travaillent plus sur les balles que sur le chargement, mais devra comme le 270 WSM relever le défi de l’alimentation dû à sa forme, et de son utilité dans les pays, comme en France, où on ne tire pas au-delà de 300m.

Il peut surfer sur la popularité d’un alésage fétiche en France avec le 270 Winchester qui, dans une action standard n’étant pas « de guerre » avant 2013, est resté assez commun, et dont les performances, avec les cartouches modernes sont maintenant portées à 200m. avec une trajectoire très plane, idéale pour tous les gibiers moyens. Chacun sait comment cet alerte centenaire a déjà enterré son fiston le 270 WSM (2002) et même un an plus tard le 270 Super Short Magnum, laissant tout un tas d’amateurs trop confiants envers les nouveautés, sur le carreau. Sept versions de la Browning X Bolt le chambrent déjà, tout comme 14 de la Winchester XPR, et 9 de la carabine à verrou mod.70. Ci-contre a dr : le 6,8 Western (à droite) face à ses devanciers 270 Winchester et 270 Winchester Short Magnum.