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FCM 25.00
15 décembre 2021

Les bécassiers américains

Nous avons déjà évoqué ces chasseurs américains « qui nous ressemblent » (1) en signalant qu’ils ont bien plus nombreux que nous, avec bien plus de vastes espaces de gibier naturel où s’ébattre. Les bécassiers qui font partie de ces chasseurs des « hautes terres » (Upland Game) sont autant que nous autres passionnés et dotés de moyens puissants qui valent bien ceux de nos amis du CNB.

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Deux grosses associations (Ruffed Grouse Society et American Woodcock Society) font, depuis les années 70 et avec de gros moyens travailler des biologistes, mettent en œuvre des fonds locaux de conservation, des suivis GPS, les chasseurs de bécasses se chevauchant souvent avec ceux de caille, ou de gélinotte huppée et colin de Virginie, espèces en déclin ou quasi disparues. La migration emploie deux canaux principaux à partir du Canada : un central concertant les états du Haut Midwest, pouvant descendre aux limites Ouest du Kansas et l’Est du Texas, et un oriental  jusqu’à la Lousiane et la Floride. La chasse est limitée à 45 jours environ selon les états (2), les passionnés (3) pouvant débuter dans le Maine, errer dans le Massachussets, et terminer la saison dans le Connecticut.

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Comme chez nous, la chasse de cet oiseau aux noms multiples (4) obéit à un rituel où tout est autant, sinon plus détaillé : races de chiens, bottes, armes et même whisky d’après-chasse, sans même parler de la gastronomie car le bel oiseau nourrit autrement qu’avec la fourchette, et ouvre à une vraie culture cynégétique. L’ouvrage de Edmund W.Davis (« Woodcock shooting » 1908) codifia les balbutiements de cette chasse avant même que les races de chiens d’arrêt spécialisées gagnent en popularité. Né en 1853 (5), héritier d’une grande famille de pharmaciens enrichis par une pilule opiacée utilisée comme anti douleur pendant la guerre de Sécession (ci-contre à dr.), il théorisa à partir de 1880, autour du Red Camp sur la Cascapedia River en Gaspésie une culture « outdoor » chasse et pêche, notamment de saumons record de 50 livres (22 ,6 kg) établissant les premiers canons de la pêche sportive. Il fut l’instigateur de l’emploi des sonnailles et de setter à la robe claire plus faciles à repérer dans les taillis, mais aussi des gilets de tir, des bottes à lacets L.L.Bean ou Red River plus pratiques que les bottes caoutchouc pour se déplacer dans les gaulis, et du fusil léger de petit calibre.

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Il s’agissait d’un Parker 28 qui n’est plus fait depuis…1942, Remington ayant repris la marque en 1934, mais bénéficiant de l’aura « glamour » de Carole Lombard, épouse de Clark Gable qui en possédait un, sans qu’on soit sûr qu’elle ait jamais tiré une bécasse avec ! Il fut aussi employé par William H .Foster, auteur de « New England Grouse Shooting » (1941) inventeur du skeet, pour justement s’entraîner au difficile tir à la plume. Toujours dans les armes « culte » des bécassiers US notons encore trois « automatiques » : le Browning « double auto » conçu par Val, le fils de JMB seulement produit entre 1955 et 1971 en 12, un « deux coups » étonnant dans ce mode, mais hyper léger dans ses deux versions (twelvette et twentyweight) de 6 livres. Le Winchester 59 produit de 1960 à 1965 à « chambre flottante » (comme la carabine US) pesait le même poids grâce à son canon Winlite de fibres enroulées. Frank Woolner en employait un à crosse anglaise et canon de 23 pouces, le tube-magasin étant réduit à deux cartouches pour alléger encore l’ensemble. Enfin, le Browning B 80 fut le fruit d’une éphémère collaboration avec Beretta pour faire une copie du A 300, mais « à bosse » (pour rester dans l’esprit de l’Auto 5), également léger en 20 lors de sa sortie en 1986.

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Les nostalgiques du calibre 16 se tournent vers le Fox Sterlingworth, autre antiquité, et plus inattendu, notre vieux Darne qui, aux USA, bénéficie en occasion d’une cote inattendue. Une vaste littérature perpétue grâce aux « gunwriters » en pointe, les plus récents étant Mike MacIntosh et Jim Carmichael, le virus de la chasse à ce bel oiseau sauvage, mais guère traduits dans notre langue à part les écrits de Jim Fergus qu’on recommande ici chaleureusement depuis des lustres pour comprendre la chasse à plume US. La mordorée seule, entretient cette passion qui traverse une vie et où comme l’écrivait Nash Buckingham « l’heureux chasseur ne sait jamais ainsi, quand il vient de tirer sa dernière cartouche »…

kkjn

1/Voir archive du 22 août 2020.

2/Le Missouri ouvre de mi-octobre à fin novembre, l’Arkansas de début novembre à mi-décembre.

3/Le Wisconsin recense 10 000 chasseurs de bécasses, le Michigan 25 000.

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4/ Ruffed grouse, Mud Bat, woodcock, gumbo, ou encore timber rocket dans le Minnesota. Le plus connu reste « timberdoodle » qu’on peut traduire par idiot des bois et la prétendue bêtise de l’oiseau. « Doods » est la version raccourcie du précédent. Le livre de B.Spiller « Grouse feathers » recense également « little russet fellers », et Tom Keer pour l’édition hivernale de la Ruffed grouse Society en ajoute quelques autres : whistle doodle, Bog snipe, Air flet…

5/ Mort mystérieusement le 19 juin 1908, par arme à feu, sur le pas de sa porte, peut-être un suicide lié à une santé défaillante, ou problèmes familiaux.

 

 

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