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FCM 25.00
9 avril 2022

Encore quelques 22 LR exotiques

On parle souvent des effets spectaculaires voire « explosifs » de certaines munitions 22 poussées par un marketing agressif. Nous avons ainsi eu une 22 WMR « TNT » qui n’était en fait qu’expansive, mais dans la longue histoire du petit calibre (1), le concept à la fois détonant et détonnant a bien existé, ainsi que quelques autres, traçants, perforants, incendiaires…

un

Dès 1850, les balles Jacobs avaient prévu les premiers tirs anti matériel (sur les caissons d’artillerie précisément) avec une capsule de fulminate associée à une petite charge de poudre dans le nez de la balle, mais qui se heurtait au manque de place dans le petit calibre où on manquait d’espace pour caler les composants. Le 30 mars 1981, l’attentat contre Ronald Reagan mit sur le devant de la scène la 22 Devastator qui existait depuis quelques années de manière confidentielle issue des recherches (Super Vel, balles en alu) pour les « air marshalls » censés contrer les détournements d’avion sans avoir à perforer les fuselages des avions pressurisés en haute altitude. La firme Bingham, de Norcross (Géorgie) partait tout simplement d’étuis CCI Stinger dont la pointe évidée de la balle contenait de l’azide de plomb, un des composés habituels des amorces de cartouches de chasse, percuté par une simple vis bouchant la cavité. Voir ci-contre.

deux

La médiatisation de l’affaire, (et notamment la rumeur selon laquelle les chirurgiens ayant dû opérer un des gardes du corps blessé au cou du président, furent nantis de gilets pare-balles !) mit sur le devant de la scène cette munition également faite sous le nom « Exploder » par la même firme, et suivie de quelques autres : Rhino Blamo Ammo, Firequest, et que l’on peut encore trouver sur le Net selon les législations par états (2). L’événement fut bien sûr disséqué, on se rendit compte que l’emploi d’un revolver à canon court ne permettait pas d’exploiter le potentiel de la balle nécessitant en sus une surface très dure genre plaque de blindage, pour espérer des dégâts (coup violent, chaleur intense, effet de flash et schrapnell ?) au-delà de la simple énergie cinétique du projectile. La firme ne put exploiter (3) cet inattendu coup de pub, et malgré plusieurs procès face à l’interdiction qui suivit, mit la clef sous la porte en 1985.

trois

Le coup de projecteur remit néanmoins sur le devant de la scène de nombreux délires proches comme le film « The Jackal » (1997) ll'avait envisagé avec une pointe remplie de mercure…méthode qui effectivement marcha en 1904 lors de l’attentat contre le gouverneur russe de Finlande, mais avec une balle de 32 ACP tirée par un Browning 1900 ! L’orifice de la balle était obturé avec une poudre de mélange dentaire, et le gouverneur Bobrykov mourut le lendemain de péritonite, la balle ayant explosé sur sa boucle de ceinturon. L’idée était dans l’air : le film Rambo et ses flèches explosives utilisait des cartouches de 38 Special que l’on retrouve sur des arbalètes anti requin en pêche sous-marine. L’arrivée concomitante (mi seventies) de l’hyper véloce Stinger tourneboula les esprits, même chez nous avec la perforante Senix (avec un dard en zinc) ou des bricolages dans les années 80 sur les hautes vitesses à cavités HP profondes où on tenta de jouer de l’effet hydrodynamique avec toutes sortes de substituts : vaseline, colles cyanoacrylates.

quatre

Les traçantes, avec un simple godet au talon n’étaient pas confrontées au manque de place récurrent à l’avant de la balle, et conjuguaient un effet incendiaire que certains (4) pourtant préconisaient déjà en bourrant l’orifice avant d’une HP…avec une pierre à briquet, à tirer évidemment sur une surface dure pour escompter une belle gerbe d’étincelles. Une firme (Piney Mountain) se spécialisa dans ce domaine avec, outre l’argument visuel, un argument éducatif pour jeunesse : la balle classique de 40 grains filant à 324m/s étant visible même en plein jour de 100 à 300m. pour se montrer didactique en manière de sécurité (on voit bien les ricochets !) et de réglage de tir. Mais, bien sûr, des petits malins imaginèrent d’alterner les couleurs (vert et rouge) dans un American 180 (5) et son « camembert » de 20 balles par seconde !

cinq

Mieux encore, aux USA où pour 2500$ on peut trouver légalement un lance grenade M 203 de 40mm, sont usinés (600$), ci-dessous à g.  des « Beehive » ou « Hornet Nest » la belle image de ruche ou de nid de frelons, permettant de libérer une forte salve colorée, une cartouche à percussion centrale déclenchant un piston libérant dix percuteurs en même temps ! En France, il n’y a pas si longtemps, nos manufacturiers la Cartoucherie française et Gévelot, (firmes sur lesquelles nous reviendrons bientôt pour parler des bosquettes et des carabines « de jardin »), firent également des traçantes à base de perchlorure de potassium, de peroxyde de baryum, de magnésium, et à la fin exemptes de mercure nocif (Sinoxyd). Outre user prématurément les canons, ces compositions vieillissaient mal, et si on suit sur Internet la « nature du buis » il traine encore des vieux stocks qui ne datent pas d’hier.

sept

Pour rester dans cette métaphore sulfureuse, le 22 LR propose aussi des « snake shots » à cartouches anciennement serties, puis à capsules Speer dont l’efficacité est discutée face aux crotales, copperheads et autres mocassins d’eau qui infestent les territoires de chasse. Appelés aussi « birdshots ou ratshots » ils sont au farmer US ce qu’étaient autrefois nos carabines de jardin et autres 9mm (6) mais sont controversés, même en tenant la carabine à bout de bras, là où une bonne trique ferait amplement l’affaire ! La boîte de « buckshots » (chevrotines) n’étant jamais bien loin, faut juste faire gaffe aux ricochets, au tracteur John Deere, à la porte du silo qui bat au vent, et la vieille vache Brownie qui broute paisiblement derrière la clôture…

fin

1/22 BB cap 1845, 22 Short 1857, 22 Long 1871, 22 Long Rifle 1887, 22 LR High Speed 1930, 22 LR amorçages non corrosifs 1935, 22 WMR (Magnum) 1959.

2/L’Idaho, par exemple, interdit toute balle à tête d’effet explosif à la chasse.

3/Les précautions de conditionnant en mousse, les balles ne devant pas se toucher sous peine d’explosion, ou de chargement dans les magasins tubulaires étaient superfétatoires et frisaient l’arnaque publicitaire.

4/Relaté dans « Unintended consequences » de l’auteur underground John Ross.

5/Voir sur cet arme notre archive du 23 novembre 2021.

6/Chargées de cendrée, facile à remplacer par du plomb de 4 pour les indésirables rongeurs dans les rutabagas autrefois.

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