Silence, ça va péter !

Depuis 2018, les modérateurs de son ou « silencieux » sont autorisés, et ont généré une catégorie de fusils inélégants et encombrants, dont la balistique est en outre compromise par le fait qu’ils incorporent des canons souvent plus courts que la moyenne, autour de 50 cms.

Pourtant, moins de bruit permettrait en cette période de fortes contraintes de voisinage, de mieux passer vis-à-vis des autres utilisateurs de la Nature, de disposer de plus de confort au tir…voire de moins alerter le gibier, comme le savent tous ceux qui opèrent au poste. Justement, ces derniers qui, le plus souvent comme nous, rechargent, connaissaient la solution des « demi-charges » que le substitut, bientôt obligatoire, pourrait bien faire revenir au premier plan.

Expliquons-nous. Les charges « silence » de 24-28 grammes « subsoniques », existent déjà, notamment pour le sport, mais le fait que la légalité, comme au grand gibier, n’imposent pas de plancher de normes de puissance, devrait nous faire réfléchir. Ceux qui, pour le tir au pigeon posé de près le savent bien, réduire la vitesse avec moins de poudre et moins de plomb, ne résout pas tout car il reste l’énergie des gaz brûlés qui se détendent brusquement à la sortie du canon quand la charge s’envole dans l’atmosphère.

La technologie qui s’est bien améliorée depuis le temps des bidons verts de poudre « T » (il nous en reste !) devrait, avec des poudres lentes qui, tout en gardant une vitesse subsonique autour de 300m/s, permettraient de mieux étaler dans le temps, le « pic » de pression, assorti éventuellement d’un sertissage moins fort lui aussi, plus progressif. Des travaux récents (1) montrant que les bourres ayant une meilleure étanchéité à la montée en pression qu’à la descente, entrainaient paradoxalement grâce aux « fuites » un petit matelas gainant la gerbe et réduisant les frottements concourant également au maintien d’une faible vitesse initiale.

Tout se jouerait donc autour du « contrôle » de ces échappements qui réduirait ou maintiendrait à une pression constante plus longue, la pression des gaz et une vitesse qui, de 300m/ sec.  à la bouche, passerait à 20 métres autour de 150m/s, pour abaisser la charge sonore à 60 décibels. Le danger, celui de la fusion des plombs pourrait être retardé par des additifs déjà bien connus à plus haute dose (antimoine, nickel), mais surtout face aux perspectives d’avenir qui sont au bannissement progressif du plomb dans deux ans, l’apport des nouveaux substituts : acier, bismuth, tungstène. Reste bien sûr la létalité qui serait celle que nous connaissons déjà avec les demi-charges : tirer autour de 20 mètres, et surtout en montant en grosseur de plomb, par exemple du N° 2, autour de charge à 15 grammes. Ceux qui font de la régulation de pigeons de stabulations à l’air comprimé le savent déjà, un seul (gros) plomb suffit aux courtes distances pour arrêter ces gros pigeons de fermes, engraissés au maïs et à l’aliment pour bestiaux.

L’autre aspect est celui de la santé de nos oreilles, et celle, plus inattendue…de nos chiens dont l’ouïe est quatre fois plus sensible que la nôtre. Le seuil de dommage pour le chasseur étant de 120 décibels, et sachant que celui d’un calibre 12 est de 150, on sait que sans protection, dans de mauvaises conditions, un seul coup peut endommager notre audition, or les recherches en ce domaine sur les chiens sont inexistantes :  100-130 db ? Les deux mesures connues étant les protections et la distance, pour les premières, du fait de la conduction osseuse ne permet pas de cumuler des 20 db des bouchons et des casques qui, péniblement attendront moins 35 db. Reste la distance : en la doublant par rapport à la source on gagne à chaque fois 6 db, ce qui mettrait à 20 mètres à peu près pour être sous le seuil des 130 db, et donc grosso modo celle où ils gambadent en frétillant de la queue, autour de nous à la billebaude. Mais il n’en est pas de même à l’affût et au poste où la détonation peut aussi entrer en résonnance. Il existe désormais des protections auditives pour chiens de chasse (voir photo), tirer moins lourd ou en petit calibre, ne serait-ce d’ailleurs que pour conserver le plus longtemps possible un chien qui entend les commandements et donc obéissant.

Comme on le voit, à quelque chose malheur est bon, les nouvelles restrictions, en obligeant chasseurs et industriels à trouver de nouvelles solutions ouvriront de nouvelles portes, particulièrement au rechargement aux perfectionnistes qui veulent tirer « pointu » et entrer dans une nouvelle réflexion qui espérons-le, comme à l’arme rayée, va faire « boom » !

1/ Article signé R.Serino dans la revue italienne Armi et Tiro 2013.