Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
FCM 25.00
13 mars 2023

"Crackshot" et "Little scout" les carabines des "vrais gars" !

Les « teenagers » américains qui démarrent la chasse en traquant le « tom » ou le whitetail n’ont pas eu à faire leurs preuves au « squirrell », modeste mais méfiante et mobile cible, dont on oublie trop souvent que ce fut un gibier historique (1) de la chasse américaine. Ce sont leurs grands-pères qui collectionnent les « boy’s rifles » de leur enfance…et dont ils finiront par hériter un jour !

un

 

L’âge d’or de cette activité secondaire de l’armurerie nord-américaine s’étala de 1850 à 1950 et démarra sur un malentendu : en 1882, Clarence Hamilton fonda dans le Michigan la Plymouth Iron Windmill Company qui faisait des éoliennes. Pour les vendre, en « bonus » en quelque sorte, il offrait des carabines de son cru, et faute de vendre des éoliennes (2), en 1895 il cessa de se battre contre les moulins à vent pour passer à l’armurerie proprement dit (Hamilton and son Rifle Company) avec les moyens qu’il maîtrisait le mieux : tôle et emboutissage à tous les étages de la fabrication…et même jusqu’au canon !

hamilton , deux

Sans trop être regardant sur la ferraille de base, au lieu de boitiers forgés et usinés, coûteux en matière première et en main d’œuvre, il s’agissait (brevet de 1907) de tôle pliée, de mécanismes se contentant de 5 pièces : détente, chien, percuteur, extracteur, le verrou rotatif étant une simple encoche enclenchée vers le bas avec le pouce, le tout tenant avec une vis et deux ou trois chevilles. Le canon (brevet du 30 octobre 1900) reprenait tout ce qu’on connaît…mais à l’envers ! Finis les lourds bancs à graver des canonniers professionnels : la feuille de tôle pressée était enroulée à force autour d’un mandrin où affleuraient en relief des rayures ni plus ni moins inversées ! Ce canon, parfois en alliage de laiton était ensuite enfermé dans un manchon de tôle emboutie, la crosse sommaire rapportée ne tenant que par un ou deux rivets ! Inutile de préciser qu’un tel matériel permettait tous les bricolages genre « mecano » de notre enfance, apte à faire naître des vocations d’armurier en herbe, voire de graveurs ou quadrilleurs chez les garçonnets du Midwest, avec le couteau « Buck » de Daddy ! Côté chasse, la grande vis centrale à oreilles en faisait un « take down » avant l’heure, les deux fardeaux étant faciles à transporter pour faire les 400 coups contre les écureuils et les lapins du voisinage.

trois

Il s’en vendit 15 000 de 1910 à 1913, et autour de 500 000 jusqu’en 1945, dans un mode de vente là aussi original : la petite carabine étant offerte en prime aux écoliers vendant toutes sortes de bricoles (3) au porte-à-porte, ou comme nos « cadeaux Bonux », cachées dans des lots de vente au détail par les colporteurs dans des sacs de grains, de sucre ou de farine ! Il s’en fit une quinzaine de versions dont une, le modèle 35 avec une fausse baïonnette dont on finit par se demander s’il n’était pas plus dangereux de confier à des enfants un objet pointu, plutôt qu’une arme à feu ! On était bien là dans la pruderie procédurière anglo-saxonne d’ailleurs juste après la loi de 1934 qui voulut un moment placer ce jouet (du fait de son canon court de 15 pouces), au même niveau que l’Auto 5 raccourci de Bonnie and Clyde ! Nous étions, rappelons-le, dans la grande époque Al Capone-Elliot Ness des combats de la Prohibition…

oi

Côté calibre, cette camelote armurière tirait quand même du 22 Long et surtout du 22 Short dont la redoutable Winchester Super X, capable quand même de secouer pas mal de petites bestioles, et n’était pas, bien sûr adaptée aux 22 LR hautes vitesses qui commençaient à faire leur apparition (4). La première 22 Long Rifle ne se fit qu’en 1935 (modèle 51), avec canon de 20 pouces, tout comme le modèle 55 en 1942, les deux avec canon enfin en bon acier.  Elle était, en plus, concurrencée depuis longtemps par les « vrais » armuriers comme la Stevens « Crackshot » et la Savage « Favorite » qui étaient des blocs tombants miniature produits de 1890 à 1939 sous des noms ronflants (« Marksman », « little scout ») tirant tous les 22 (short, long, et long rifle), mais aussi les 25 et 32 Rimfire. Hamilton, du fait de son mode de fabrication moderne et bon marché, fut aussi à l’origine (1895) de la célèbre carabine à air comprimé Daisy « Red Ryder », allant donc sur les plates-bandes de Henry M.Quakenbush (1847-1933), le « père » de l’airgun US après son brevet de 1871. Cet ancien de chez Remington fit lui aussi des « Velogun » à armature squelette en 22 Short-Long, et Long Rifle dans les dernières versions, mais à vitesse standard au look, avec leur crosse fil, de la « survival » M4.

cinq

La seconde guerre mondiale (5)  semblait avoir mis fin à toutes ces babioles quand J.D.Hoban, ayant pris la suite de C.Hamilton en 1933, avec l’outillage de la firme relança (1945-1949) la fabrication à Salem (Michigan), puis la décentralisa en 1953 en Allemagne, mais commercialisation US via United Arms de Chicago. Avec son look de 30-Carbine et faux magasin, c’était une singleshot tirant tous les 22, mais fabriquée en Europe selon les normes métriques, les pièces n’étaient alors plus interchangeables. En 1965 il y eut encore une tentative de refaire, au Japon, ce genre de carabine, mais malgré les canons cette fois en acier, elles étaient trop faibles pour tirer les munitions 22 modernes.

steven10 sept

1/ Les écureuils furent les grands artisans de la plantation des forêts de feuillus en Amérique du Nord, et source de viande, notamment l’hiver, bien plus fiable que les cervidés. Le célèbre Davy Crockett les tirait avec des petits pois secs en guise de balles !

2/ Le réseau ferré n’était pas encore au point pour trimballer ces lourds échafaudages métalliques vers ses clients potentiels des grands états des plaines (Indiana et Ohio).

3/ Elles étaient aussi appelées « Cloverine guns » du nom d’un baume, pommade aux vertus universelles soignant tout un tas de petits bobos.

4/ Voir archives du 19 novembre 2018.

5/ Hamilton, comme tout le monde, participa à l’effort de guerre fabriquant des chenilles pour chars, des composants amphibies, et même le contre-écrou de l’emprunt de gaz du Garand.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
FCM 25.00
Publicité
Archives
Publicité