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FCM 25.00
19 avril 2023

Quels chokes pour un 16 classique ?

C’est l’éternelle pomme de discorde, même entre chasseurs chevronnés. Autrefois, on tirait en lisse jusqu’à 25 mètres, on « choquait » à 40, mais c’était l’époque de la poudre noire, puis bourres et cartouches ont évolué pour resserrer le modèle, même avec des canons lisses ou quasi. Ce qui s’est passé alors, c’est qu’une fois le rétrécissement choisi, il fallait tenir compte de la distance avant et après cette plage de sélection considérée comme efficace, ni trop serré, no trop lâche.

un tetiere

 

Bien sûr, c’est là que les avis divergent, et comme plus personne ne fait d’essais « à la planche » suivirent des guides approximatifs de l’efficacité du choke choisi avec les munitions modernes, et l’avis des « spécialistes » et grands auteurs. Pour le calibre 16, s’il est tombé bien bas en France, ce n’est pas le cas aux USA où il est certes passé de 24% des ventes en 1953, à 3% en 2001, mais avec un regain très net dans ce veste pays où la chasse au petit gibier, à la billebaude si on veut, est restée vivace. Une enquête de 2018 (Project Upland, voire ce beau site en actionnant la traduction) sur 1600 chasseurs le replace en troisième position (13%) derrière le 20 (46%) et le 12 (31%).

deux

L’explication tient justement au maintien de ces territoires de chasse « à la plume », mais aussi de l’influence de grands auteurs comme Layne Simpson (Shooting Times, mai 2007), Mickaël McIntosh (Shotguns and shooting) qui établirent, malheureusement au moment où le 16 disparaissait, que les chokes amovibles étaient une extension naturelle du meilleur avantage du juxtaposé de petit calibre, surtout avec les bourres dernier cri (1). Comme Bob Brister l’avait écrit, la notion de « full » dont tous les chokes fixes étaient nantis (plein choke à gauche, demi à droite) dégradait trop la gerbe de ces cartouches rapides, et ils préconisaient plutôt demi et quart, surtout que l’acier arrivait.

quatre

La conjonction quart-demi semblait difficile à battre, même sur les plus gros oiseaux (faisan-colvert) si la distance était respectée et qui devenait le principal critère si on comparait portée théorique et efficace. En lisse le ratio c’est 25 mètres (portée efficace 20-35m.), quart 30m (25-40, demi 35m (30-45), plein choke 40 (35-50). « In medio veritas » quart-demi vous donne 25-50m et c’est pile-poil la distance de chasse ! Aux Etats-Unis, ce fut parfaitement compris au tournant du siècle par l’armurier et gunwriter de l’Oregon Bill Hanus (2) qui proposa deux séries de « bird guns » classiques à canons ouverts de petit calibre à poids contenu (2,7 kg) qui sont devenus cultes.

Petit plombiste, ce souriant grand-père moustachu, symbole d’une ruralité accueillante avait fixé dès 1980 un modèle de juxtaposé de calibre 16, éjecteurs, canons de 63 cm à détente unique non sélective, crosse anglaise et devant queue de castor d’importation espagnole (AyA 4/53 et Ugartchea, voir ci-dessus) qui l’incita à sortir avec succès une première série de 1989 à 1993. Il ne s’agissait pas bien sûr des célèbres armes à platines de ces deux marques mais de classiques boxlocks devant respecter un rigoureux cahier des charges, et à partir de 1996 la série « bird guns » s’étendit en 20-28-410 en deux variantes : « Bill Hanus birdgun » et « Birdgun Classic ». Les canons étaient toujours courts (66 et 68 cm), la seconde mouture étant à deux détentes (3) et un peu plus accessible (1395 $ contre 1595 $). Cette filière se poursuit d’ailleurs toujours selon le même principe, mais complétée avec d’autres marques : Grulla, Merkel, Fausti.

kkj

cinq

Bien sûr, aux USA, Briley qui proposa très vite à prix accessible (600 $) l’ajout de chokes amovibles sur les juxtaposés classiques en petits calibres favorisa cette tendance IC (lisse amélioré ou quart) et M (modified ou demi-choke), qui couvrira 90% des tirs à la plume avec toutes les charges anciennes croisillons et bourres grasses, et mieux encore avec les munitions modernes. Chez nous où on risque plutôt d’hériter du vieux Darne de Pépé abominablement serré, il n’est pas sûr qu’on trouve facilement un armurier capable, comme dans le temps, d’ouvrir un peu au moins le premier coup. On se consolera en se disant que ce long schéma étroit aidera certes la balistique terminale, mais en employant, comme jadis, des cartouches à faible pression et charge utile limitée, mettons 28 grammes. A la plume devant soi, quand le terrain s’y prête, la Tradition (4) ça compte aussi, et on se souvient tous d’avoir débuté avec des « anciens » qui chassaient l’arme à la bretelle, et la « fourchine » à la main pour battre les fossés avec des corniauds qui couraient autour de nous dans tous les sens. La solution c’était pas « l’Amérique » chantée par Joe Dassin, et son immense réserve technologique  que l'on vient de voir, mais plutôt « croisillon » à droite, et le temps de laisser filer le temps que l'arme quitte l'épaule, pour bien « mirer » ensuite et faire bouler le capucin d’un coup bien ajusté ! Une manière certes empirique mais bien pratique de gérer et contrôler la distance...

fin

1/ La bourre « Gordon » (ci-contre à g.) en est le dernier avatar. Sa base inférieure (voir fléche ) est un ressort d’amortissement progressif dont l’avantage immédiat est d’absorber le recul, de réduire les pressions et donc une déformation moindre des plombs et de la gerbe offrant un meilleur modèle. Moins de recul c’est aussi, en plus du confort, moins de saut de canon pour doubler. Et la vitesse fait gagner 5 à 10 m soit donc de pouvoir pousser jusqu’à 35m en lisse.

2/ Bill Hanus (1928-2012) collabora à diverses revues dont Wingshooting USA et se fit connaître aussi par son site Web, toujours actif.

3/ La double détente offre la polyvalence totale du fait de sa plus grande répartition des choix instantanés : du plus ouvert au plus serré, surtout sur le plan horizontal. Le juxtaposé en tire encore mieux parti que le superposé, au départ fusil de sport. Par contre sur un juxtaposé léger, la détente simple demandera plus de longueur de crosse pour venir fermement à l’épaule car il n’a pas le poids nécessaire à la stabilité quand on appuie sur la détente. Et sur une détente double, la mesure de longueur de crosse sera à effectuer sur la seconde détente et non sur la première.

4/ Ne vous débarrassez pas de ces vieilles belles armes qui, rappelons-le, n’ont pas à être déclarées si elles ont été acquises ou héritées avant décembre 2011 car ne disposant que d’un coup par canon. On les apprécie quand, sans obligation de résultat, elles accompagnent des moments de détente, légères au bras et au tir, avec les munitions nouvelles : bismuth, cuivre doux, en tirant peu (car elles coûtent un bras) pas trop gros, mettons 6-4, et idéales aux déambulations dominicales de fin de saison quand tous les objectifs ont été remplis. Et encore mieux, si on recharge au plomb, là où ce sera encore possible, la distance de réserve zones humides étant passée, rappelons-le, de 30 à 100m.

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