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FCM 25.00
24 juillet 2023

La carabine de Warren Page (épisode II) : les premiers magnums courts

La notion de magnums « courts » elle-même, précéda largement le coup de tonnerre de 2001 et du 300 Winchester Short Magnum. Sans même parler du marché minuscule représenté par les six calibres Lazzeroni, dès 1965 Remington avait fait pour le modèle 600 les 350 RM et 6,5RM, mais pas encore capables de concurrencer le 30-06 et surtout le 35 Whelen.

rs-model70wo_200803a1

 

Le phénomène « short » obéissait pour le 300 WM à reproduire un calibre déjà excellent pour des actions plus courtes et plus légères avec les fameux étuis « bouteille » offrant une colonne de poudre plus courte et épaisse pour faciliter le travail de l’amorce et au plus près de la chambre censée donner moins de recul. Vingt ans plus tard nous en sommes revenus, mais sa sortie en 2001 obligea Remington, en six mois, à produire le 300 Short Action Ultra Mag…et Winchester répliqua immédiatement avec le 270 WSM pour aller cette fois, sur les plates-bandes du 270 Weatherby ! Dans cette partie de ping-pong balistique, Winchester prit certainement le plus de points, sortant en 2004 le 325WSM, et enfonça encore le clou avec les déclinaisons 243-223-25, suivi en 2008 par Ruger (300 et 328 MCR). Vingt ans plus tard l’avenir est plutôt sombre pour tous ces calibres…

Après toutes ces digressions, revenons en néanmoins au contexte 270 Winchester omniprésent à l’époque intéressant notre fameuse carabine "Old Betsy". Aussi pertinent soit-il, même de nos jours, ce calibre datant de 1925 souffrait de n’avoir été conçu que pour une balle de 130 grains et s’avérait un peu « juste » pour certains grands cervidés. Déjà, Jeff Cooper, futur fondateur de la « Gunsite Academy » et du concept de « scout gun », (un autre avatar du « fusil à tout faire ») préconisait plutôt comme panacée une balle de 160 grains filant à 954m/s.

C’est là qu’intervint la munition créée par Arthur E.Mashburn (1900-1992) un armurier d’Oklahoma City qui s’était fait connaître avant-guerre dans l’univers du varminting avec un petit 218 Mashburn Bee préfigurant un peu si on veut le 222 Remington à partir de carabines à un coup Martini disponibles partout, car elles servaient à l’instruction des cadets. Il était de la veine de tous ces armuriers-chercheurs américains,  suffisamment  bien outillés, travaillant dans leur coin, capables de maîtriser toute la chaîne de fabrication de carabines « custom » comme Pachmayr, Donaldson, Huntington, P.O. Ackley, « l’armurier de l’Amérique » étant bien sûr le plus connu, du fait de ses publications nombreuses depuis 1936.

280_Improved

En 1950, au moment où Warren Page prit commande, l’armurier « Okie » proposait toute une gamme autour de munitions de calibre « 30 » à base d’étuis raccourcis de 300 Holland-Holland, formés et soufflés au feu donnant un épaulement de 30°. Il fit trois moutures du 7 mm, un court, un long, pour finir par baptiser Supermagnum le moyen, le plus long n’ayant pas fait mieux avec des balles plus légères. L’idée à cette époque était de s’appuyer sur les surplus Mauser ou Springfield nombreux, ou mieux encore sur les F.N. Supreme, voire les Winchester 70, pour booster du 7mm comme l’avait fait Les Bowman, autre ponte de la presse cynégétique US (Gun Digest et American Riflemen) à base de 338 Winchester magnum pour faire le 280 Remington. Il est ci-contre comparé au 280 « amélioré » de P.O. Ackley, reconnaissable à dr. avec son fort angle d’épaulement.  Bowman qui était copain avec Page, mais aussi Bob Hagel (d’American Hunter), organisait des camps de chasse dans le Wyoming, en lisière de forêts d’altitude où les tirs « longs » de 300 à 600m sur wapitis, n’étaient pas rares. Il avait constaté que les clients s’en sortaient mieux avec les calibres « normaux » (un peu vitaminés quand même !), qu’avec les hyper rapides Weatherby commençant à être populaires, mais au fort recul pénalisant le placement. En plus, leur taux de torsion de 1/12 avait du mal à stabiliser plus haut que 165 grains.

old betsy

Le 7mm Mashburn Supermagnum propulsant une Nosler semi spitzer de 160-170 grains à 930m/s, son long cou permettait plus de flexibilité dans l’assise de la balle, poussée par les poudres ultra lentes des surplus de l’après-guerre (issue des canons de 20 et mitrailleuses de 50 !), et procurait une trajectoire plate capable de prendre tous les gibiers nord-américains même jusqu’au grizzly. La carabine « Old Besty » (ci-contre à g.) ne pesait que 3,640 kg avec canon de 22 pouces, bretelle légère spéciale, optique (Kollmorgen), chargée de 3 cartouches. La crosse était creuse comme du gruyère, le magasin et même le levier étaient ajourés. Warren Page, prit, toujours avec ce même chargement 475 grands animaux. Lors d’une chasse au mouflon au Baloutchistan, un guide lui en proposa même 50 moutons de son cheptel…plus sa seconde épouse ! Comme le fit remarquer avec humour Warren Page, pas sûr qu’il y gagnât au change, la dame, ainsi qu’il sied dans cette contrée de stricte observance religieuse, étant intégralement voilée…

En fin de semaine : suite et fin et épisode III et la "bataille de gunwriters" des années 60-70. 

magasin old

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