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27 juillet 2023

"Old Betsy" (épisode III, suite et fin) : bataille de gunwriters

La carabine fit l’objet d’un article spécial par Warren Page lui-même dans Gun Digest en 1959, elle est mentionnée dans plusieurs livres : Field and Stream en a parlé en 1969 à l’occasion d’une chasse au crocodile, et en 1971, au zèbre. A la mort de Warren Page (1977) elle fut vendue deux fois aux enchères (2004 et 2012), rachetée par un fan qui la restaura dans l’esprit, pour qu’elle soit exposée, seule l’optique étant actualisée avec une Leupold X6. Elle fut encore documentée en 2012 pour Field and Stream sous la plume d’un autre « gunwriter » renommé, David E. Petzal. En fait il n’y avait pas une, mais deux Old Betsy rigoureusement identiques,  numérotées 3873 et 5078, seule l’optique changeant (Redfield X4 pour la seconde).

uno

 

Le 7 Mashburn Supermagnum, de son côté, rata de peu la consécration car facile à recharger, il l’aurait été encore plus à l’apparition du 300 Winchester Magnum en 1963 qui est assez proche du 300 HH et bien plus disponible. Warren Page qui avait ses entrées chez Remington car il chassait aussi avec Mike Walker l’ingénieur qui réalisa le modèle 721, et Wayne Leek dont le nom est associé au 221 Fireball, leur avait confié « Old Betsy » pour la passer au chronographe encore peu disponible pour les particuliers. Ses caractéristiques balistiques étaient donc parfaitement connues du « géant vert ». Le 7mm était en outre, dans l’air du temps, un armurier du Texas juste avant, avait fait un 7mm Reynolds à base de 264 Winchester Magnum que l’on retrouve dans l’ouvrage de référence de P.O. Ackley…où d’ailleurs Warren Page signe l’article principal sous le titre « tour du monde des wildcats » ! Les ingénieurs Remington en 1962, sans doute par crainte des avocats, (et surtout des royalties à verser ?), finirent par préférer, au final, plutôt que de partir de ce « wildcat » tout roulé et prêt à l’emploi, travailler en interne, sur base toujours 300 HH, pour sortir en même temps que le modèle 700, le 7 mm Remington Magnum, une sorte de 7X64 musclé et à l’aise partout.

dos

Ce nouveau calibre renvoya le 264 Winchester Magnum sorti en 1950 dans l’ombre, car tirant du 7mm plus populaire aux USA, mais pas encore sous cette appellation « métrique » nouvelle là-bas. Tout le problème venait au départ, du 280 Remington, mauvaise réponse au 270 Winchester car bien moins chargé pour faire cycler sans danger la semi-automatique 740, et donc un poil faiblard alors qu’arrivait au même moment le modèle 721 à verrou susceptible d’encaisser plus de pression. Le 280 Remington lancé en 1957 eût d’ailleurs toujours un peu le derrière entre deux chaises car il fut dans un premier temps rebaptisé 7-06, ce qui pouvait le faire confondre (aux USA bien sûr) avec un vieux wildcat du même nom, mais aussi avec le 7,08 Remington proche. Donc on lui trouva deux nouveaux noms bizarres (7 Remington Express, puis 7-08 Short Action !) avant de revenir en 1981, au point de départ et à sa terminologie initiale de 280 Remington. De quoi donner le tournis pour les chasseurs américains déroutés par cette valse des étiquettes. Chez nous, où on se casse moins la nénette côté armes rayées, il se fit tout doucement sa place aux battues, et il y est toujours, dans l’ombre du 7X64 et du 300 WM (tiré par la mythique Browning « BAR »), avec les semi-automatiques Remington de notre dynamique importateur Rivolier.

deuc bis

Il fallait donc, on vient de le voir, pour la firme d’Ilion, réagir, et ce fut l’avènement du 7 Remington Magnum, toujours d’actualité. Il existe une bonne douzaine de chargements 7 mm aux USA, dont un « wildcat » relevant un peu de la même gymnastique intellectuelle portée par des journalistes fouineurs et perspicaces : le 7 mm STW datant de 1979, reconnu SAAMI 20 ans plus tard, et commercialisé par Remington seulement en 1997. Ce STW pour « Shooting Times Westerner » porte le nom de la publication dont Layne Simson fut un collaborateur régulier, et tire une balle de 140 grains, toujours à haute vitesse : 1010 m/s. Pour résumer, disons que tout ce qu’un 7mm, peut faire, le « 30 » le fera aussi, mais pour être aussi plat, il vous fera encaisser 20% de recul en plus ! A contrario, à même recul, le « 30 » produira en aval, des performances nettement supérieures en matière d’énergie et de trajectoire.

quatre

De même que le 280 Ackley Improved (soit le 280 Remington « amélioré » c’est tout dire !), le 7 Mashburn Supermagnum fait partie aux USA de ces munitions qui ont l’aura magique d’une période d’expérimentation où il semblait, comme cette "Old Betsy", à la portée de tout le monde de se faire une arme idéale, sorte de combinaison parfaite de la somme de toutes les parties. Dans cette époque, le bon vieil Elmer Keith s’enferrait de plus en plus dans son personnage de vieux cow-boy bourru, tirant « gros et lourd », tandis que d’autres gens de plume et de terrain, dans son dos, cogitaient et abreuvaient les lecteurs d’articles qui le faisaient bondir et hurler « mais bon sang, qu’est-ce que vous me racontez, j’y étais moi », laissant entendre que tous les autres (et surtout Jack O’Connor…) étaient des pieds tendres plus forts avec leur Remington (la machine à écrire, hé !) que la carabine éponyme !

cinq

Déjà un peu à côté de la plaque, mais poussé par ses thuriféraires (et surtout les rédacteurs-en-chef concurrents qui se frottaient les mains car la polémique, c’est bien connu,  faisait bondir les ventes en kiosque !), il renvoyait tous les 7mm aux gémonies, comme tout justes bons à éradiquer les coyotes !  De ce « jus de crâne »…noir comme l’encre des journaux, bien avant les ordinateurs, sortirent pourtant des armes et une littérature qui fait encore, comme le bon vin, rêver les nostalgiques et sourire, à l’heure des magnums « courts » et des carabines légères actuelles, les connaisseurs.

Prochain envoi vers le 15 août, et reprise définitive de la rubrique vers le 20 septembre. 

 

 

 

 

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