22 LR : en excès de vitesse ?

C’est un peu la bouteille à l’encre dans ce calibre où une variable de 15 m/s par-çi par-là n’est pas la même si on fait du plinking ou de la compétition, de la régulation ou de l’initiation au tir. On impute le vent ou la météo alors que tout le problème peut venir des variations de chargements usine qui peuvent affecter 2-3 cartouches sur 50 chez les meilleurs à une quinzaine sur le bas de gamme.

Si vous tirez avec des munitions match la corrélation statistique avec la précision à 50 m est si faible que le classement est inutile pour la régulation ou le plinking. Allant naturellement vers le « bon marché » si on tire peu, il y aura forcément des écarts de vitesse, un assemblage parfois flottant avec des balles mal serties et autres imperfections visibles d’un coup d’oeil. Sachant que la percussion annulaire est moins contrôlée que la centrale et avec des données techniques beaucoup plus larges (1), c’est l’achat qui devient en fait l’important critère de contrôle pour éviter la loterie des chaînes d’assemblage.

Chez nous où n’existent plus les semi-autos (2), sans même parler des détentes et des optiques, il y a une mode dans le monde du tir pour les verrous de « l’espace libre », et de l’épaisseur des bourrelets qui ne devrait pas concerner le vulgus pecus dont nous sommes, mais qu’on constate facilement sur les verrous à seules pattes de poignée de nos carabines à deux balles d’il y a cinquante ans Voir ci-dessus. Plus ou moins dures à serrer, il est évident que ça peut affaiblir le coup de percuteur. On a donc tout intérêt à fonctionner avec des cartouches uniformément bien fabriquées, à vitesses initiales serrées, dans des gammes cohérentes (3) partant des subsoniques.

Là aussi, il est facile de constater simplement à l’oreille certaines dissonances. On peut s’étonner d’entendre des subsoniques d’entrée de gamme « péter » aussi fort que des standards. Bien sûr, à zéro degré il n’y a plus de subsoniques, surtout au premier coup et canon propre, et l’environnement de vallées encaissées, ou de forêts se renvoyant l’écho peuvent jouer, car en conditions idéales un coup de 22 peut s’entendre à des kilomètres. Il faut savoir en effet que les gaz expulsés à la bouche sont toujours plus rapides (140 décibels) que la vitesse du son, même si le projectile lui, ne l’est pas. Les « silencieux » comme ceux des voitures, sont justement là pour contrôler ce phénomène.

Le but de resserrer les groupes avec les munitions les moins chères que la carabine aime n’est pas si facile que ça à faire. Pour conclure, on peut tout mesurer, parcourir quinze marques, manipuler les tourelles, (avant même d’avoir consulté un psy tant le sujet est vaste et controversé !), mais on ne peut tirer avec cohérence en mélangeant des munitions bas de gamme en vrac.

1/ Les spécifications SAAMI pour l’espace libre vont de 0.043 à 0.051 et l’épaisseur bourrelet de 0.036 à 0.043, or certaines marques oscillent entre 0.037 et 0.044 (par exemple CCI : 0.044 et Eley : 0.039), et des espaces libres de 0.061 qui, bien sûr peinent ensuite à pleinement percuter. Voir les conseils donnés autrefois par la firme Gévelot ci-dessus à dr.

2/Ils sont désormais en catégorie B, soumis à autorisation et licence de tireur sportif, et donc interdits pour déambuler le nez en l’air, dans la cambrousse.  

3/ Sans faire de publicité à une célèbre marque allemande RWS, on remarquera la régularité de sa gamme : Club, Target rifle, Rifle match ont la même balle de 40 grains filant à 330 m/s et 142 joules, (et les deux premières sont identiques à la Geco rifle), tout ça sortant de la même usine, mais triés par échantillonnage, la Rifle match seule ressortant du haut de gamme « professionnal line ». La subsonique 315 m/s-129 joules est la seule vraiment silencieuse du marché, zérotant à 50 m. (flèche de 8,5 cm à 75 m et 25 cm à 100m) et particulièrement efficace dans sa version Hollow Point pour la régulation.